PRÉSENTATION
GÉNÉRALE DE L'ENVIRONNEMENT FINANCIER ET QUELQUES RAPPELS CONCEPTUELS
La
fonction première du système financier est d'assurer les liaisons
secteurs en déficit d'épargne et les secteurs en excédent. Tous les agents économiques
investissent et épargnent ; les ménages sont traditionnellement des agents à
capacité de financement tandis que les entreprises et l'État sont des agents
à besoin de financement. Le marché des capitaux va organiser le
transfert de l'épargne entre les secteurs à déficit et les secteurs à excédent.
Au
début des années quatre-vingt, l'État français a, dans une optique libérale,
profondément réformé le système financier ; les Pouvoirs Publics ont voulu
instaurer davantage de concurrence dans le système financier. Les mesures
prises (voir plus loin) ont été jugées nécessaires pour permettre une régulation
monétaire par les taux d'intérêt et donc par le marché. Ces mesures ont donné
naissance à la notion de globalisation financière, caractérisée par
Henri BOURGUINAT par la "règle des trois D" : le décloisonnement, la
déréglementation, la désintermédiation.
Le
décloisonnement consacre la déspécialisation des opérateurs et la fin
des traditionnelles distinctions entre d'une part, banques de dépôt/banques
d'affaires et d'autre part, marché monétaire (traditionnellement marché
des prêts à court terme)/marché financier (traditionnellement marché
des prêts à long terme), marché des changes (marché des monnaies entre
elles), marché à terme, etc.
Aujourd'hui,
le marché des capitaux est unifié et tout agent économique peut s'y adresser
et contracter des prêts et des emprunts à très court terme ou à très long
terme (jusqu'à quarante ans !) et ce, sur un marché au comptant ou un marché
à terme.
Le
décloisonnement consacre également la suppression du contrôle des changes et
l'interconnexion de toutes les places mondiales. Comme on assiste à la même évolution
au niveau international, on peut affirmer qu'aujourd'hui, tout agent économique
est libre d'accéder à n'importe quelle place financière mondiale, et, s'il
est rationnel, il s'adressera au marché des capitaux qui lui proposera les
meilleures conditions, en passant d'un titre à l'autre, ou d'un procédé de
couverture à l'autre : de l'obligation en euros à l'obligation en dollars, de
l'action à l'option, de l'option au future... Les marchés particuliers
(finance, options, change, futures...) sont devenus les sous-ensembles d'un
marché financier global, lui même devenu mondial.
La
déréglementation financière consiste en la suppression des règles qui
limitaient la liberté des transactions financières, telles que l'encadrement
du crédit ou les taux d'intérêt bonifiés et taux administrés qui
favorisaient telle ou telle activité. Appliquée dans les pays industrialisés,
la déréglementation financière favorise la libéralisation et la circulation
internationale du capital.
La
désintermédiation financière marque la fin de ce que l'on appelait
l'intermédiation bancaire. Elle consistait pour les banques, à opérer la
transformation bancaire, c'est-à-dire la conversion de l'épargne des agents économiques
en capacité de financement, en prêts accordés aux agents économiques en
besoin de financement. On qualifiait cette fonction bancaire de financement
indirect ; désormais, c'est la finance directe de marché qui prévaut :
les épargnants et les emprunteurs se rencontrent directement sur les marchés
financiers internationaux, sans avoir besoin d'intermédiaires financiers ou
bancaires.
Par exemple, le trésorier d'une entreprise préfèrera se financer par une
émission d'euro-obligation sur la place de Londres plutôt que de s'endetter
auprès d'une euro-banque.
Et
pourtant, on constate dans le même temps, que les banques ne se désintéressent
pas, loin s'en faut, du développement du marché des capitaux ; au contraire, elles
ont tendance à accentuer leurs interventions sur ces marchés, en aidant
par exemple les entreprises et les particuliers à acquérir des titres
financiers (actions, obligations, titres de créances négociables...), en émettant
elles-mêmes des titres sur les marchés monétaires et financiers. C'est cette
présence accrue des banques sur le marché des capitaux qu'on qualifie de marchéïsation.
Finalement,
la globalisation financière est la convergence de la transformation des
systèmes bancaires, des techniques et des comportements des agents, qui aboutit
à un marché financier unique, global et intégré, dans lequel l'espace (les
frontières) et le temps (distinction court terme/long terme) ont fortement évolué
vers une internationalisation des systèmes financiers et la constitution d'un
marché unique des capitaux.
Dans
ces conditions, s'adresser au vaste marché mondial des capitaux permet à tout
opérateur d'y trouver, grâce à une information parfaite, le meilleur
placement, le meilleur rendement ou la meilleure protection, puisque ce marché
est censé être parfaitement rationnel et efficace. Il s'inspire, à l'évidence,
de la théorie économique néoclassique (voir plus loin ce qu'on appelle
monétarisme), et des caractéristiques de la concurrence pure et parfaite.
Le
processus de libéralisation des échanges ne concerne pas seulement la sphère
financière ; on constate que se développent des espaces économiques intégrés
(zones de libre échange, unions économiques...) destinés à favoriser les échanges
de biens et de services. On sait que la rationalité des firmes multinationales
porte désormais sur un continent, voire sur le marché mondial. Par conséquent,
si l'on ajoute l'intégration commerciale et la libéralisation des échanges de
biens et services à l'intégration financière et à la libéralisation des échanges
de capitaux, on obtient ce qu'on appelle le phénomène de la mondialisation
des économies nationales.