Versification (suite):
La poésie, c'est la rime : nom féminin apparaissant vers 1160,
il provient de la langue francique : rim signifiant série, nombre. La
rime est la répétition du son qui termine chaque vers. Elle est
le procédé poétique que constitue l’homophonie des
syllabes toniques. La rime est le retour, à la fin de deux ou plusieurs
vers, de syllabes comportant au moins une voyelle identique comme dernier son
prononcé.
On distingue les rimes suivantes en fonction de leur qualité,
leur genre ou leur disposition.
leur qualité : rime suffisante : porte sur deux homophonies
(deux éléments identiques identité de la dernière
voyelle accentuée et des sons qui la suivent (ex: solitude-rude)) ou
rimes riches fondée sur trois homophonies (au moins trois éléments
identiques - rime suffisante à laquelle s’ajoute l'identité
de sa consonne d'appui (ex : image-hommage)), rimes pauvres : ne comporte qu’une
seule homophonie (la dernière voyelle accentuée en syllabe ouverte
(ex: ami-pari)).
leur genre : masculines (terminées par une consomme
ou une voyelle autre que le "e" muet) ou féminines (terminées
par un "e" muet)
leur disposition : rimes croisées (ou alternées)
selon un schéma "abab"
La rime a longtemps désigné la forme versifiée
(opposée à la prose). Elle remplace l’assonance à
partir du XIIIème siècle et devient l’un des éléments
clés de la versification française. Au XIVème siècle,
elle acquiert le sens moderne et précis que nous lui connaissons. A la
fin du XVème siècle, les rhétoriqueurs en expérimenteront
les formes les plus complexes: rime léonine où l’homophonie
s’étend sur deux syllabes (ou englobe deux voyelles prononcées),
rime équivoquée dans lesquelles les vers se terminent par une
série de syllabes identiques par leur sonorité ou sous forme d’un
calembour; rime dérivative qui fait rimer des mots de même racine
...
Plus tard, certains mouvements littéraires comme le Parnasse ont fait
de la rime riche l’un des éléments clés de la poétique.
Cependant, l’impératif de la rime condamne la poésie française à une certaine forme de répétition particulièrement sensible dans la tragédie du XVIIème siècle ou dans la chanson d’aujourd’hui: les couples de mots rimant ensemble ne sont pas en nombre infini. Si bien que, chez Corneille, "Cœur" rime souvent avec "honneur" et chez les artistes de variété, "amour" avec "toujours".
La poésie moderne sort de cette impasse en abandonnant purement et simplement la rime ainsi que le conseillait Verlaine dans son Art poétique. Ou bien, avec Aragon, elle s’attache à renouveler le répertoire des rimes. A cette fin, elle place par exemple à la rime des noms de lieu ou de personne.
VERS - nom masc. – Ensemble de mots qui forment l'une
des unités du poème en accord avec les règles de la versification.
ETYM.: du latin versus="sillon".
On distingue:
1. Le vers syllabique dont le rythme est déterminé par
le nombre de ses syllabes.
C'est le vers français, défini en outre par la rime et dans certains
cas par la césure, qui se divise lui-même en plusieurs classes
selon le nombre des syllabes du vers:
a) le monosyllabe b) le disyllabe c) le trisyllabe d) le tétrasyllabe
e) le vers de cinq syllabes f) le vers de six syllabes g) l'heptasyllabe h)
l'octosyllabe i) l'ennéasyllabe j) le décasyllabe k) l'endécasyllabe
1) 1 alexandrin
Ces vers sont d'une fréquence d'utilisation très différente
dans la poésie française. Les plus courants sont l'alexandrin
- qui, depuis la Pléiade, domine -, l'octosyllabe et le décasyllabe,
qui est le vers épique. On trouve cependant des exemples de tout, les
poètes ayant expérimenté toutes les formes imaginables.
Ainsi Victor Hugo dont le poème Les Djinns joue successivement de tous
les mètres. Verlaine, pour sa part, a recommandé dans son Art
poétique le mètre impair et il lui est arrivé de pratiquer
le vers de cinq syllabes qui, avec le retour très fréquent de
la rime, produit pour l'oreille un effet très musical et obsédant.
Certains poètes enfin, comme Aragon, ont écrit des vers dont la
longueur dépasse celle de l'alexandrin.
2. Le vers rythmique dont le rythme est déterminé
par la place et le retour des syllabes accentuées. Il s'agit du vers
anglais par exemple.
3. Le vers métrique dont le rythme est déterminé
par sa division en mesures. Il s'agit des vers grecs et latins. Il suppose une
langue dans laquelle il existe des syllabes longues et des syllabes brèves.
4. Le vers libre qui existe sous deux formes très différentes:
a) le vers libre classique tel que le pratique par exemple La Fontaine et dans
lequel, si le vers reste régulier, sa longueur varie ainsi que la disposition
des rimes.
b) Le vers libre moderne qui, à partir du symbolisme, n'a d'autre rythme
que celui qui lui est imposé librement par le poète et qui ne
se signale au lecteur que par le retour à la ligne. Son unité,
dès lors, n'est plus rythmique mais graphique.
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