La relance monétaire doit être remise en cause
|
La relance monétaire
doit être remise en cause Les
politiques keynésiennes de régulation conjoncturelle dépendent de
l’existence d’un arbitrage entre inflation et chômage ; c’est la
source de leur efficacité. FRIEDMAN
va remettre en cause l’efficacité de la relance monétaire, en montrant que
la courbe de PHILLIPS est instable. FRIEDMAN va supposer que les agents
vont faire des anticipations adaptatives c’est à dire rétrospectives,
à partir du vécu, du passé, des anticipations déjà effectuées dans le passé
et des erreurs déjà commises, donc de l’expérience. À
partir d’une économie équilibrée et stable, donc en situation de chômage
naturel, imaginons qu’un gouvernement souhaite, pour des raisons ponctuelles
(l’approche d’élections par exemple…) relancer l’économie par une
politique monétaire expansive. En vertu de la théorie quantitative de la
monnaie, cette relance se traduit d’abord par une accélération de
l’inflation et donc par une baisse à court terme du salaire réel
puisque le salaire nominal reste inchangé. Dans un premier temps, les agents
ayant anticipé un niveau général des prix inférieur à celui observé, sont
victimes pour FRIEDMAN de « l’illusion monétaire » dans
les négociations salariales. La baisse du salaire réel, correspondant à une
baisse du coût salarial, va déclencher une hausse de la demande de travail des
employeurs, ce qui aura comme conséquence une baisse du chômage en dessous de
son niveau naturel. Le gouvernement en question a atteint son but ; le chômage
diminue et les élections se présentent bien… Il y
a donc bien une relation décroissante entre l’inflation et le chômage.
L’apport des monétaristes est de montrer que cette relation est instable.
À long terme, (en fait après les élections…) les agents vont corriger leurs
anticipations en matière de prix ; ils se rendent compte de la perte de
leur pouvoir d’achat et ils vont réclamer et obtenir un ajustement salarial.
C’est la fin de la période d’illusion monétaire. Le salaire nominal
augmente, le salaire réel retrouve son niveau d’origine et le coût du
travail augmentant, les entrepreneurs adoptent à nouveau la combinaison
productive initiale : on est revenu au taux de chômage naturel mais
avec un taux d’inflation plus élevé. Pour FRIEDMAN, la courbe de
PHILLIPS de long terme vient inévitablement butter sur le niveau de chômage
naturel et la politique monétaire ne peut faire baisser durablement le chômage
en dessous de son niveau naturel, sinon au prix d’une accélération systématique
de l’inflation. En
outre, la politique monétaire conjoncturelle va également se heurter à l’existence
de délais : avec des cycles d’activité courts et des délais
d’efficacité de la politique monétaire longs, une politique monétaire
contra-cyclique risque de se révéler pro-cyclique ! Les fluctuations de
l’activité seraient accrues par une politique monétaire qui ne peut que déstabiliser
l’équilibre économique. Finalement,
quels sont les préceptes de FRIEDMAN en matière de politique monétaire ? Les
recommandations de Milton FRIEDMAN sont claires : l’objectif final doit
être la stabilité des prix, avec comme objectif intermédiaire la croissance
maîtrisée des agrégats monétaires. La règle d’or consiste à régler
l’évolution de la masse monétaire sur le taux de croissance anticipé de la
production, ce qui suppose que les autorités monétaires puissent relever les
trois défis de la mesure de la
masse monétaire, de la fixation d’un niveau pertinent de celle-ci et enfin de
l’anticipation correcte d’un taux de croissance de la production. |