L'école de l'offre
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L’école
de l’offre : les effets désincitatifs de l’intervention de l’État
sur l’offre des facteurs et sur la croissance économique LAFFER et GILDER se posent
en opposants farouches du keynésianisme et réhabilitent le « laisser-faire ».
Ils préconisent fortement les politiques d’offre par rapport aux politiques
keynésiennes de relance, de stimulation de la demande. L’économie de
l’offre va insister sur les effets néfastes des interventions de l’État,
avec des positions radicalement libérales, fondées sur une confiance absolue
dans les mécanismes autorégulateurs de marchés laissés au libre jeu des
initiatives privées. Pour GILDER (…et MALTHUS)
les prestations sociales, comme l’assurance chômage, ont un effet désincitatif
sur l’offre de travail. Elles diminuent le « coût d’opportunité du
loisir » et nos sociétés créent donc les pauvres qu’elle se doit
moralement d’entretenir. LAFFER met en évidence les
effets désincitatifs d’une fiscalité trop lourde. « Trop d’impôt
tue l’impôt ». Une hausse des taux d’imposition entraîne, au delà
d’un certain seuil, une baisse des recettes fiscales qui prennent la forme
d’une courbe en cloche. En effet, au delà d’une
limite de taux, le niveau des recettes est une fonction décroissante du taux
d’imposition. Pour justifier ce paradoxe, LAFFER se fonde sur les
enseignements de la micro-économie traditionnelle : une hausse de la
pression fiscale sur les revenus du travail entraîne une baisse du salaire net,
ce qui a deux conséquence antinomiques sur l’offre de travail : -
un effet de substitution :
l’agent est incité à diminuer son temps de travail et à augmenter son temps
de loisir puisque le coût d’opportunité du loisir a diminué -
un effet revenu :
l’agent est incité à travailler davantage pour retrouver le salaire et le
niveau de vie qu’il avait précédemment. Donc pour LAFFER, une hausse
du taux d’imposition aura des conséquences variables sur l’offre de travail
et, par conséquent, sur le niveau du chômage et de l’activité économique.
Tout dépend de la résultante des deux effets contraires mis en jeu : -
pour des taux d’imposition élevés,
c’est l’effet substitution qui l’emportera sur l’effet revenu, ce qui
justifie une réduction de l’assiette fiscale. -
L’effet substitution peut être étendu
à l’arbitrage travail déclaré/travail au noir : les agents risquent de
recourir de plus en plus à l’économie souterraine. -
L’effet substitution peut être également
étendu à l’arbitrage économie marchande/économie domestique : une
hausse du taux d’imposition incitera à cultiver son propre potager plutôt
qu’à acheter ses légumes au marché ou à faire soit même son ménage plutôt
que de déclarer une femme de ménage. -
Ce qui vaut pour l’offre de travail
vaut également pour l’offre de capital : si l’épargne est fortement
taxée, les individus sont incités à consommer aujourd’hui, au détriment de
l’investissement, lequel conditionne les recettes fiscales futures. Une forte
taxation de l’épargne favorise, par ailleurs, la fuite de cette épargne vers
des cieux plus cléments. Les travaux de Edward
PRESCOTT vont dans le même sens : il analyse quant à lui le moindre
niveau de vie des français par rapport au niveau de vie américain et ce, malgré
des productivités comparables ; l’explication qui en est donnée est que
les français travaillent moins (idées vérifiée) en raison de la plus forte pression
fiscale française qui réduit le produit du travail et pousse les français
à préférer les loisirs. Il serait donc urgent de réduire les impôts
chez nous, ce qui relancerait l’investissement, la production et la
consommation. En conclusion, il peut être
intéressant de constater que LAFFER reprend ni plus ni moins les propos que
Adam SMITH formulait à la fin du XVIIIème siècle : « Des impôts
lourds, parfois en diminuant la consommation des produits taxés, parfois en
encourageant la fraude, engendrent souvent des recettes fiscales plus faibles
que celles qui auraient pu être obtenues avec des taux plus modestes ». |