Versification
:
nom fém. - Art d'écrire des vers. ETYM.:
du latin versificatio.
"La versification est l'ensemble des règles et habitudes qui président
à la forme la plus ancienne de l'art littéraire."
On distingue souvent le "versificateur" qui possède bien les
techniques, de la versification, mais ne fait pas vraiment oeuvre de créateur,
et le "poète" qui maîtrise, lui aussi, ces techniques,
mais s'appuie sur elles pour créer un univers personnel et original.
La poésie, c'est le rythme : en mesure, comme en musique, la phrase est découpée en syllabes. Il existe une infinité de rythmes. En français, le vers régulier se définit d'abord par son nombre de syllabes et par la répartition des syllabes accentuées et non accentuées qui constitue son rythme. La répartition des accents vaut également pour les vers libres.
Le décompte des syllabes dans le vers régulier
: Le mètre divise le vers en syllabes accentuées et non
accentuées ; les accents correspondent aux temps de la musique et aux
battements des pieds de la danse.
Les vers réguliers alexandrins, décasyllabes, octosyllabes, etc.
- doivent leur nom au nombre déterminé de syllabes que chacun
d'eux renferme.
Il ne faut pas parler de pied car ce mot désigne, dans la métrique
grecque et latine, un groupe organisé de syllabes brèves ou longues
qui constitue la mesure élémentaire du vers.
Il est facile de compter les syllabes qui obéissent cependant à
certaines règles. Il ne faut pas oublier de compter le "e"
muet sauf lorsqu'il se trouve à la fin du vers ; lorsqu'il est suivi
d'une voyelle et à la 3ème personne du pluriel des imparfaits,
conditionnels et aux trois subjonctifs : aies, aient, soient. Un e final suivi
d'un mot commençant par une consonne compte pour une syllabe; s'il est
suivi d'un mot commençant par une voyelle, on dit qu'il s'élide.
Certains mots présentent des variantes orthographiques qui leur permettent
de compter pour une ou deux syllabes selon les nécessités de la
versification: encor(ê), donc(ques)...
Deux voyelles qui se suivent peuvent être prononcées séparément,
pour former deux syllabes (diérèse), ou bien ensemble, pour n'en
former qu'une seule (synérèse). C'est le nombre de syllabes total
du vers qui indique s'il y a diérèse ou synérèse.
Césures et hémistiches, coupes et mesures
: Les accents toniques permettent de distinguer, dans le vers, plusieurs
groupes appelés mesures et séparés par des coupes (notées
/). Dans les vers de plus de huit syllabes, une césure (notée
//) sépare le vers en deux hémistiches.
Le décasyllabe (vers de dix syllabes) est le plus souvent césuré
4 // 6.
Dans l'alexandrin classique (vers de douze syllabes) cette césure figure
toujours après la sixième syllabe accentuée, c'est-à-dire
exactement au milieu du vers. Cette répartition du vers en deux hémistiches
de six syllabes chacun lui donne une régularité qui permet notamment
de déterminer l'éventuelle présence d'une diérèse.
L'alexandrin régulier est rythmé 3 / 3 // 3 / 3, mais on trouve
très souvent des hémistiches rythmés 2 / 4, 4 / 2, plus
rarement 1 / 5, 5 / 1. Pour scander un alexandrin, il faut compter le nombre
de syllabes et identifier d'éventuelles diérèses. Il faut
ensuite placer la césure entre les deux hémistiches et les coupes
à l'intérieur de chaque hémistiche. Si le vers est scandé
3/3//3/3, il est de rythme absolument régulier; les rythmes en 2/4 et
en 1/5 accélèrent le vers, des rythmes en 4 / 2 et en 5 / 1 le
ralentissent.
Le rythme d'un vers est donc indiqué par la place des accents toniques,
donc des coupes, et, le cas échéant, de la césure.
Les enjambements et les rejets : La discordance entre les groupes syntaxiques et les groupes métriques - mesures, hémistiches se traduit par des enjambements, des rejets et des contre-rejets. La discordance est interne si elle intervient à l'intérieur du vers, externe si elle intervient entre deux vers. L’enjambement se répartit de manière à peu près égale de part et d'autre de la ligne métrique. Le rejet place un groupe plus bref, en général un seul mot, au-delà de la limite métrique, le mettant en valeur.
Le rythme du vers libre : Au cours du XIXème
siècle, avec le fameux trimètre romantique rythmé 4 //
4 // 4, les poètes commencent à vouloir briser la régularité
rythmique de l'alexandrin. Le vers libre, pratiqué en France depuis la
fin du XIXème siècle parallèlement au vers régulier,
n'a pas un nombre fixe de syllabes, donc pas de coupes. Certains auteurs de
vers libres jouent cependant avec le modèle du vers régulier,
notamment avec celui de l'alexandrin; il en est ainsi d'Apollinaire, dans "
Zone " tiré du recueil Alcools. Le rythme d'autres vers libres,
en revanche, tient à la seule répartition des syllabes accentuées
et des mots dans le vers.
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