Fonds éthiques, fonds socialement responsables
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L'essor des fonds éthiques et de "l'Investissement Socialement Responsables" (ISR) Les entreprises sont à la recherche de nouvelles formes de régulation afin de mieux répondre à la contestation actuelle dont les formes se modifient : courants antimondialisation, boycottage, activisme actionnarial... Il existe aujourd'hui une réelle sensibilité de l'opinion et des cadres d'entreprise à des questions d'avenir qui sont liées à l'avenir de la planète, à la transparence de la politique et de la justice, aux excès du capitalisme financier trop axé sur le court terme. Par ailleurs, on constate aujourd'hui, une montée en régime de l'épargne de long terme via notamment l'épargne salariale dont le développement se confirme d'année en année et on peut imaginer que les gestionnaires de cette épargne, souvent des représentants d'organisations syndicales, puissent souhaiter favoriser des placements éthiques. Les fonds "socialement responsables" se développent en Europe ; d'après le cabinet conseil Terra Nova, leurs encours ont plus que doublé en deux ans. Ils s'élevaient en 2000 à 777 millions d'euros, soit une progression de 52 % par rapport à 1999. Ces fonds ne représentent toutefois que 0,3 % des fonds gérés en Europe et 0?1 % en France, contre environ 13 % aux États-unis. Si les fonds de pension ont largement contribué à l'émergence des investissements éthiques, notamment aux États-unis, la nouvelle loi sur l'épargne salariale, votée en France en février 2001, devrait à son tour favoriser leur développement .Il leur faudra montrer qu'ils peuvent afficher une performance financière sur le long terme et force est de constater que pour l'instant, leurs performances à court terme sont décevantes. Il manque aux dirigeants de ces fonds une expérience que la courbe d'apprentissage leur confèrera à terme, une constitution de bases de données d'analyse sur les sociétés. Il faudra en outre recourir à des agences de notation spécialisées. En France, la plupart des fonds s'appuient sur l'agence Arèse pour la constitution d'un portefeuille... national. Or, même pour constituer un portefeuille éthique, les règles de la théorie financière s'appliquent : il faut diversifier, y compris en comparant à l'international toutes les sociétés d'un secteur, et ce sur la base de critères universels. Reste à définir ces critères universels dans le domaine éthique, social et environnemental ; les domaines rejetés par les fonds éthiques anglo-saxons (tabac, armement, sexe...) relèvent d'une simple approche d'exclusion, alors que le modèle européen, encore en genèse, devrait pénétrer la mécanique sociale des entreprises. Fonds éthiques et placements solidaires : des logiques différentes La démarche des fonds éthiques et celle des placements solidaires sont des démarches citoyennes, mais elles ne répondent pas exactement à la même logique. Les fonds éthiques ont été créés à l'origine par des congrégations religieuses américaines dont les membres ne voulaient pas investir dans des sociétés contraires à leur morale. Ce sont aujourd'hui des fonds d'actions ou d'organismes de placements collectifs en valeurs mobilières (OPCVM) qui répondent à un certain nombre d'exigences en matière sociale et environnementale. Les placements solidaires ont une autre logique : l'investisseur lui-même participe directement à une action sociale ou humanitaire en cédant une partie des intérêts produits par son épargne à une action de bienfaisance. Il s'agit, le plus souvent, de comptes à terme ou de livrets d'épargne. Sources : Enjeux - Fonds éthiques : débuts prometteurs - Mai 2001 Le Monde : 27 nov 2001 et 31 oct./1 nov 2004 60 millions de consommateurs N° 389 - Décembre 2004
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