Au début des années soixante, T.Schultz et G.Becker
s'intéressent à l'idée de capital humain.
La théorie qui en émerge énonce que toute
dépense susceptible d'améliorer le niveau de formation
d'un individu augmente sa productivité, et par conséquent
ses revenus futurs, d'où le nom de capital humain.
Mais acquérir une formation est coûteux en temps
et en dépenses annexes. Ce sera, pour un individu rationnel,
la même démarche que pour un entrepreneur : le choix
d'investissement dans une formation dépendra de sa plus
ou moins grande "préférence pour le présent".
Les agents sont sensés, comme dans toute la théorie
néo-classique, prendre des décisions en horizon
certain et anticiper correctement leurs revenus futurs.
L'apport théorique est original en ceci que la théorie
du capital humain fait de la formation un investissement "comme
un autre", générateur d'externalités.
Ceci explique que la formation soit prise en charge par la collectivité,
ce qui n'incite pas les entreprises à l'effort de formation
qu'elles devraient supporter.
Se pose alors le problème d'un niveau de formation optimal
qui serait efficient pour la collectivité.
Plus généralement, la théorie du capital
humain est un cas particulier de la théorie des choix inter-temporels.
Economie de la famille :
Les idées de Becker sur ce sujet sont rassemblées
dans son livre A Treatise on the Family (dernière édition
en 1991). Ces recherches sur le capital humain ont mené
Becker à s'intéresser au rôle de la famille
dans la formation de ce capital. Ainsi, le marché du mariage,
le divorce, le taux de fécondité sont devenus des
variables à expliquer grâce à ce modèle.
Pour lui, les décisions touchant ces comportements peuvent
être expliquées dans le cadre conceptuel des coûts
et gains marginaux. Par exemple, un de ces résultats est
que les couples riches ont des coûts de divorce plus élevés
et donc un taux de divorce plus faible.
Un des centres d'intérêt de Becker est l'impact de
salaires réels élevés sur la "valeur
du temps" et donc sur les coûts de la production domestique,
comme l'éducation des enfants. Comme les femmes ont augmenté
leur investissement en capital humain et entrent davantage sur
le marché du travail, le coût d'opportunité
de l'éducation d'un enfant augmente. De plus, l'augmentation
de la profitabilité de l'éducation (en tant qu'investissement)
élève le désir de fournir à ses enfants
une éducation coûteuse. La conséquence de
ses deux phénomènes est un taux de fertilité
plus bas.
Un problème plus controversé encore est la conclusion
de Becker selon laquelle les parents agissent souvent de façon
altruiste à l'égard d'enfants égoïstes
en investissement grandement dans leurs enfants afin de se prémunir
au moment de la vieillesse. Becker voit en effet que le taux de
rendement de l'investissement dans ses enfants est plus élevé
que ceux des placements retraites habituels. Cependant, les parents
ne peuvent pas être sûrs que l'enfant en question
prendra soin d'eux plus tard. Puisqu'ils ne peuvent pas forcer
juridiquement l'enfant à prendre soin d'eux plus tard,
ils utilisent souvent le levier de la manipulation en instillant
le sens de la "faute" à leurs enfants, de l'obligation
et de l'amour filial. Cela agit certes indirectement mais très
efficacement pour forcer les enfants à aider leurs parents
au moment de la retraite. Becker, en poursuivant son raisonnement,
a vu dans la sécurité sociale un ennemi possible
de la famille, en ce qu'elle peut distendre ces liens par la suppression
des incitations faites aux parents d'agir de façon altruiste
avec leurs enfants.