Il commença sa carrière en gérant
la fortune de Mazarin.
Son système (que l’on appellera le colbertisme)
repose sur des principes mercantilistes énoncés
par Montchrestien et Laffemas : le commerce international devait
permettre de dégager un excédent de la balance commerciale
afin que les métaux précieux entrent dans le royaume.
Le colbertisme donna un essor à l’industrie : l’État,
en investissant, encouragea la création de manufactures
d’État (Gobelins, Beauvais, la Savonnerie) ; ou en
accordant des privilèges, il favorisa la naissance de manufactures
privées (Saint-Gobain) et la création de grandes
monopoles pour le commerce extérieur comme la compagnie
des Indes orientales (1664), des Indes occidentales.
Ces manufactures, placées dans le cadre d’un strict
dirigisme furent protégées par un tarif douanier
prohibitif. Les importations de produits finis furent frappées
par des droits de douane très importants et les exportations
furent encouragées par le développement des infrastructures
commerciales et par l’expansion coloniale.
Ces manufactures étaient chargées de produire des
biens exportables (draps, acier, produits de luxe : draps, étoffes,
tapisseries, cristallerie).
Il encouragea le commerce, protégea les sciences, les lettres
et les arts, et favorisa également la recherche en créant
l'Académie des sciences (1666), l'Observatoire de Paris
(1667) où Huygens et Cassini furent appelés, l'Académie
d'architecture (1671).
En 1668, il est nommé secrétaire d'État à
la Maison du roi et en 1669, il devient secrétaire d’État
au Commerce et à la Marine. Il construit une flotte de
guerre de 276 bâtiments. En 1681 la France, victorieuse
sur mer comme sur terre, comptait 176 bâtiments de guerre,
tandis que, quelques années auparavant, elle en avait à
peine une cinquantaine.
Il développa les infrastructures favorisant les échanges
commerciaux : canaux, routes royales. Il fit planter la forêt
de Tronçais pour la construction navale. Il fit réparer
les grandes routes, en ouvrit plusieurs, et joignit les deux mers
par le canal du Languedoc.
Il fit paver et éclairer Paris, embellit cette ville de
quais, de places publiques, de portes triomphales (Portes St-Denis
et St-Martin) ; on lui doit aussi la colonnade du Louvre et le
jardin des Tuileries.
Avec son fils, Jean-Baptiste Colbert, marquis de Seignelay, il
fait venir des villes hanséatiques des artisans, constructeurs,
cordiers, pour installer des chantiers ou arsenaux de construction
navale dans les ports principaux du royaume. Pour assurer le recrutement
des équipages, il n'a pas recours, comme l'Angleterre,
à la presse, ou enrôlement forcé des matelots
de la marine marchande, mais à un nouveau procédé
appelé l'inscription maritime. Par contre il demande aux
juges de privilégier la condamnation aux galères,
y compris pour le délit de vagabondage.
Il institua des compagnies commerciales : Compagnie des Indes
Orientales (Océan indien), Compagnie des Indes Occidentales
(Amériques), Compagnie du Levant (Méditerranée
et Empire ottoman) et Compagnie du Sénégal (Afrique)
et est l'instigateur du commerce triangulaire des esclaves et
l'auteur du code noir. Il est aussi à l'origine de la création
de comptoirs : Pondichéry (1670) et de ce qui fut le début
du peuplement en Nouvelle-France (Amérique du Nord).
Il s'opposa au secrétaire à la Guerre, Louvois,
jugé trop dépensier des fonds publics. Celui-ci
intrigua contre lui auprès de Louis XIV à tel point
que Colbert était sur le point d'être disgracié
quand il mourut le 6 septembre 1683, rue des Petits-Champs, laissant
Claude Le Peletier lui succéder au poste de contrôleur
général des finances.