Démographie et croissance économique
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Conférence
vidéo
"Quels humanismes pour quelle humanité aujourd'hui
?"
Humanités
pour le post-humain par Yves Michaud
Introduction : On observe une forte corrélation statistique
entre PIB par habitant et niveau de fécondité dans
un pays. Le problème est de savoir si cette corrélation
correspond à une causalité et dans quel sens va
la causalité (souvent pays pauvre = > pays à
forte fécondité).
Trop d’hommes => pauvreté.
Ou pauvreté =>haut niveau de fécondité.
I – CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE : FORTS CONTRASTES ENTRE LE
NORD ET LE SUD
A – Un aperçu de la situation
1. Une très forte croissance : la population mondiale
a plus que doublé entre 1950 et 1995 : passant de 2,5 milliards
à 5,7 milliards. Cette accélération dans
la croissance de la population est nouvelle dans l’histoire.
Si l’on cherche à faire des projections dans l’avenir,
il semble que cette forte croissance va continuer un moment avant
une stabilisation autour de 11 milliards en 2150. Selon toute
vraisemblance 8 milliards dès 2025 et 10 milliards dans
une soixantaine d’années.
2. Ce qui aggrave le problème, c’est que cette croissance
est très fortement déséquilibrée entre
le Nord et le Sud :
* actuellement, 5,7 milliards dont 1/5 dans les pays riches et
4/5 dans les pays pauvres et on observe déjà de
fortes disparités : 1/5 possédant 80 % de la richesse
mondiale,
* alors que les prévisions montrent que l’essentiel
de l’accroissement se fera dans les pays pauvres dans la
mesure où dans les pays riches la croissance semble s’être
stabilisée. On aura sans doute à peine plus d’un
milliard dans les pays riches et 9 milliards dans les pays pauvres.
On ne pourra plus éluder le problème du partage
des richesses au niveau mondial, sinon les tensions géopolitiques
risquent d’être très fortes ;
Comment nourrir tout le monde, sachant que les pays pauvres
ont déjà du mal à faire face aux besoins
de leurs populations ?
Comment assurer un développement qui n’entraîne
pas à terme l’épuisement complet des ressources
naturelles, la destruction de l’environnement ?
Comment faire face à des structures de population différentes
?
B – UN OUTIL D’ANALYSE : LA TRANSITION DEMOGRAPHIQUE
1. La transition démographique permet de comprendre la
situation actuelle des pays en développement.
Désigne un phénomène qui a déjà
eu lieu dans les pays industrialisés généralement
vers le XIXe siècle, la France étant plus précoce.
Qu’est-ce que c’est ?
o On observe d’abord une baisse des taux de mortalité
Question sous-jacente : la maîtrise de la fécondité
est-elle un préalable au développement ?
A – La croissance démographique semble entraver
le développement.
1 – La croissance démographique trop forte risque
de conduire à l’appauvrissement des pays ;
1. Les mécanismes en cause :
Si le nombre d’habitant croît plus vite que la production,
il y a automatiquement baisse du revenu par tête ;
Plus de gens : morcellement des terres, utilisation de terres
moins productives,
Plus de jeunes : détournement des capitaux vers l’éducation,
la santé. Ces capitaux, manquent alors pour financer l’investissement,
gage de croissance.
Risque d’épuisement des ressources (déforestation,
problème de l’eau, problèmes écologiques)
1. Les conséquences :
Migrations : exode rural et urbanisation galopante, migrations
internationales (risque de fuite des cerveaux), bidonvilles…
Maintien d’une mortalité élevée par
manque de capitaux pour les problèmes de santé et
donc maintien d’une fécondité élevée,
2 – C’est ce qui amène certains à
penser que la maîtrise de la fécondité est
un préalable au développement.
1. Les mécanismes supposés :
J.-C. Chesnais définit un multiplicateur transitionnel
: c’est le coefficient multiplicateur de la population entre
le début et la fin du processus de transition.
On estime qu’il a été de 2 en France, 4
ou 5 pour l’Inde, 7 à 10 pour le Mexique, 11 à
13 pour certains pays d’Afrique de l’Ouest
Le phénomène de la transition est universel et
irréversible mais tous les pays ne supportent pas les mêmes
processus en termes d’accroissement total de leur population.
Le phénomène est beaucoup plus important dans les
pays pauvres et sur une période parfois plus restreinte
que dans les pays riches : les problèmes d’adaptation
à la nouvelle donne démographique sont plus aïgues.
La transition est entamée : difficile de l’accélérer
davantage, donc à chaque fois qu’on prône une
solution démographique on se trompe.
II - LA CROISANCE DEMOGRAPHIQUE DU SUD EST-ELLE UN FREIN A SON
DEVELOPPEMENT ?
Dans la mesure où on constate une forte corrélation
on ne peut pas ne pas se poser la question.
On va confronter les thèses qui pensent que seule une
maîtrise démographique peut permettre le développement
à celles qui pensent que, au contraire, le développement
est un préalable à la maîtrise de la fécondité.
A – La croissance démographique semble entraver
le développement dans le cas des pays du Sud
1. – Le mécanisme et les causes
La croissance démographique conduit à l’appauvrissement
de ces pays. Si le nombre d’habitants augmente plus vite
que la production, il y a automatiquement une baisse du revenu
par tête.
Plus de gens, cela veut dire surpeuplement, morcellement des
terres, utilisation de terres moins productives…productivité
en baisse, culture extensive et non intensive.
Plus de jeunes, détournement des capitaux (baisse de
la mortalité infantile) et par le haut (allongement de
l’espérance de vie) grâce à un certain
nombre de progrès sanitaires.
Cette baisse entraîne une accélération de
la croissance démographique (car accroissement naturel
= mortalité –natalité).
Ensuite, on observe une baisse de la fécondité
qui s’explique par différents facteurs :
o baisse de la mortalité infantile
o éducation des filles
o développement de la contraception
Résultat : l’accroissement naturel se stabilise
à nouveau à un niveau faible (comme avant la transition
mais caractérisé cette fois-ci par une faible mortalité
et une faible natalité). La population se stabilise alors
à un niveau qui n’évolue pas faiblement.
Actuellement tous les pays au monde ont entamé leur transition.
C’est ce qui explique que pour des pays qui sont dans cette
phase, on observe des croissances démographiques aussi
fortes. En Afrique on a observé d’abord des progrès
considérables dans l’espérance de vie (progrès
sanitaires dont certains datent de la colonisation) et ce n’est
que maintenant dans certains pays que l’on commence à
observer une baisse de la fécondité.
Diminution de la mortalité mais toujours une fécondité
importante, la réduction des naissances est faiblement
engagée pour l’instant dans les pays en voie de développement.
1. Le multiplicateur transitionnel
Entre le moment où la mortalité baisse et le moment
où la fécondité a terminé de baisser,
on observe dans tous les pays une très forte croissance
démographique. La durée et l’ampleur du décalage
entre les deux phénomènes (baisse de la mortalité
et baisse de la fécondité) déterminent les
résultats de la transition en terme d’accroissement
définitif de la population.
Comment selon ce schéma le recul de la fécondité
permet-il une élévation du niveau de vie ?
* Plus grande attention portée aux enfants
* Moins d’enfants, plus de formation et qualification
* Moins de main d’œuvre sans qualification
* Plus de productivité
LA THESE DE MALTHUS :
La population croît naturellement si elle ne rencontre
pas d’obstacle plus vite que les ressources : elle double
au moins tous les 25 ans ( ce qui correspond à un TCAM
de 3 %) alors que les ressources ne suivent qu’une progression
arithmétique en raison des rendements décroissants
de l’agriculture.
Il faut donc limiter volontairement le nombre de naissances
: Malthus emploie le terme de " contrainte morale "
(moral restreint) pour désigner les deux seules solutions
qu’il envisage : le mariage tardif et l’abstinence.
Il n’est pas question pour lui d’une intervention
de l’Etat dans ce domaine.
Chez Malthus, seuls, les pauvres doivent se restreindre, le
riche s’il peut nourrir de nombreux enfants doit les accueillir
dans son foyer. Le pauvre doit retarder son mariage ou rester
célibataire et n’avoir que le nombre d’enfants
qu’il est en mesure d’élever (chacun doit être
prévoyant) ; ce n’est qu’à ce prix que
peut se réaliser l’équilibre entre ressources
et population.
Remarque : Singapour s’inspire de ces remarques pour mener
une politique différenciée = encouragement pour
les cadres, amendes pour les pauvres.
Les néo-malthusiens :
Ce qui les différencie de Malthus c’est la volonté
d’une intervention directe de l’Etat sur le contrôle
des naissances, politiques démographiques qui peuvent prendre
différentes formes : planning familial ou plus coercitif
comme en Chine,…
Les résultats sont probants uniquement lorsque très
coercitifs comme en Chine. Sinon, il ne suffit pas d’ouvrir
un centre de planning familial pour les femmes aient recours à
la contraception.
Les thèses populationnistes s’opposent à
la diminution des naissances.
Il n’est pas certain que les politiques de contrôle
des naissances soient la solution pour engager les pays dans un
processus de développement.
1 – La montée démographique peut dans certains
cas favoriser la croissance économique
Le cas des pays développés au XIXe pour certains
pays, la Révolution Industrielle a été permise
par la montée démographique contemporaine de la
transition.
Le surpeuplement rural : main d’œuvre abondante et
bon marché.
Au niveau de la croissance et donc de la demande : plus de monde
c’est aussi plus de débouchés – forte
pression qui stimule l’innovation.
Pression démographique : intensification des modes de
cultures (ex : passage de la jachère à un mode plus
intensif de culture) : effectif de la population " supportable
".
On a donc aussi augmentation de l’offre.
Des jeunes : population plus dynamique, plus innovatrice.
2 – En l’absence de développement, les politiques
de contrôle des naissances risquent d’être inutiles
(inefficaces).
1. La pauvreté entraîne un maintien élevé
de la fécondité
* beaucoup d’enfants car mortalité infantile élevée
* - Enfants = source de revenus, garantie pour la vieillesse (cf
Chine sur l’absence de retraites). Le nombre d’enfants
peut déterminer l’attribution des terres.
* Moindre éducation des filles : poids des modèles
plus forts.
1. Le développement s’accompagne d’une augmentation
du niveau et d’éducation favorable à la baisse
de la fécondité.
* Filles mieux éduquées : rôle social différent,
relations de couple différentes, mariage plus tardif, meilleure
maîtrise de la contraception.
BILAN
Délégué algérien en 1974 à
la conférence de Bucourt sur la population : " La
meilleure contraception, c’est le développement ",
il est vain de vouloir freiner la fécondité sans
engager des politiques de développement .
La maîtrise de la fécondité est importante
mais le contrôle des naissances ne peut pas suffire.
Dernier élément : la solution démographique
est déjà à l’œuvre, on peut difficilement
accélérer la baisse de la fécondité.
DISSERTATION
Le vieillissement démographique est-il un handicap pour
les PDEM ?
Introduction :
* rappeler quelques données chiffrées sur l’augmentation
du poids des plus de 60 ans dans la population,
* expliquer que c’est inéluctable, c’est le
résultat de la transition démographique,
* plus de personnes âgées c’est plus d’inactifs
or dans un pays, ce sont les actifs qui créent les richesses
= le problème qui se pose est donc de savoir si le poids
en augmentation des inactifs retraités ne va pas représenter
un fardeau trop lourd à la charge des actifs et ne va pas
ainsi freiner le dynamisme des économies industrialisées.
Nous verrons dans un premier temps comment l’augmentation
de la part relative des personnes âgées impose de
repenser notre politique de protection sociale sous peine d’asphyxier
du croissance économique, puis comment plus largement,
il faut relativiser l’idée que plus de personnes
âgées c’est moins de dynamisme.
I – Le vieillissement démographique impose une
réorganisation du financement de la protection sociale,
sous peine de devenir un handicap pour nos économies.
A – Le poids actuel de la solidarité entre générations
* C’est le principe de base de notre économie : solidarité
entre actifs et inactifs, ce sont les actifs qui dans une large
mesure financent la protection sociale : vrai pour les retraites,
vrai aussi pour la sécurité sociale (les cotisations
des retraités sont faibles).
* L’augmentation du poids des inactifs rend la charge de
cotisation par actif beaucoup plus lourde ce qui entraîne
plusieurs risques :
* risque de désincitation au travail, pas envie de travailler
pour cotiser autant (moindre dynamisme)
* Si les salariés s’habituent, ils risquent de négocier
directement leur salaire net ce qui risque d’alourdir le
coût total du travail : ceci n’est pas sans risque
sur le chômage et sur les investissements étrangers
en France.
Si on souhaite éviter ces conséquences négatives,
il est important de repenser le financement de notre protection
sociale ; c’est ce que nous allons voir au sujet de deux
points importants : retraites, dépenses de santé.
B – Comment refondre le système actuel de retraite
?
Il fonctionne par répartition : est-ce viable tel quel
longtemps ?
Volonté d’instaurer progressivement une système
par capitalisation : solution directe au problème démographique
mais pas sans inconvénient car :
* risque d’accentuer les inégalités car la
propension à épargner varie selon les revenus,
* nécessité des garanties par l’Etat pour
que l’épargne accumulée ne fonde pas sous
le coup de l’inflation,
Autre solution envisagée : allonger la durée de
cotisation, possible car espérance de vie plus longue.
Cela nécessite un changement dans la façon d’envisager
la retraite (évolution des mentalités difficile
car nombreux sont ceux qui souhaitent quitter le monde du travail…)
C – Les dépenses de santé et les aides aux
personnes âgées
Un fardeau pour lequel il faut trouver un financement.
* Des dépenses en forte hausse :
Santé, jusqu’à 12 fois plus qu’un jeune,
Allocation dépendance… et les recettes ne suivent
pas…
* Elles ne peuvent pas toutes être financées par
la Sécurité sociale (cotisations), comme ces dépenses
relèvent de la solidarité entre générations,
elles devraient être prises en charge par les impôts
(+ redistributifs) pour qu’elles soient financées
pour tous les types de revenus et pas seulement par les revenus
du travail. Idée instaurée déjà avec
le CSG, elle sera peut être étendue aux revenus des
retraités…
* Quoiqu’il en soit, le mode de financement le plus adéquat,
ces sommes pourraient être utilisées par l’Etat
à faire autre chose, à réaliser des investissements
productifs : il est vain de nier que ces dépenses soient
un poids pour la nation.
BILAN TRANSITION
Il faut repenser le mode de financement.
Malgré cela restent des dépenses qui augmentent
qu’il faudra financer et qui sont ponctionnées sur
les actifs (par l’impôt) ; il est vain de le nier,
en revanche nous allons montrer comment il est excessif de ne
voir qu’un handicap à travers le vieillissement.
II Les personnes âgées si elles coûtent à
la collectivité permettent d’impulser un certain
dynamisme à l’économie.
A – Le goût pour l’innovation = un faux problème
B – Les revenus distribués aux personnes âgées
leur permettent d’être un élément dynamique
de nos économies.
Point sur l’augmentation l'augmentation des revenus des
retraités : valorisation des retraites et du minimum vieillesse.
Les personnes âgées d’aujourd’hui ont
un pouvoir d’achat :
Elles consomment…
Elles ont besoin de survies marchandes qui se dupent et créent
des emplois : cela n’est possible que si leur demande est
solvable (donc inutile de penser baisser les retraites).
Elles redistribuent largement à leurs descendants (au-delà
des aides matérielles, elles rendent beaucoup de services
: gardes d’enfants, prêt de maison de vacances…
= éléments clefs du lien social). |