Réduction de la pauvreté
et développement économique
"Rapport des ministres des Finances du G-7 aux chefs d'État
et de gouvernement"
Table des matières
A. Démarche globale en matière de développement.
B. Allégement de la dette des PPTE.
C. Au-delà de la réduction de la dette.
D. Amélioration du contexte du commerce et de l'investissement.
E. Intégration plus rapide à l'économie mondiale.
Annexe – L'Initiative en faveur des pays pauvres très
endettés : Progrès réalisés au chapitre
de la mise en œuvre.
A. Démarche globale en matière de développement
1. En raison de l'évolution remarquable de l'économie
mondiale qui a suivi les progrès rapides en matière
de mondialisation, il est essentiel que la communauté internationale
intervienne pour que les pays en développement puissent
tirer profit des forces de la mondialisation et jouent leur rôle
dans le système économique mondial. L'un des principaux
objectifs consiste à adopter une démarche prospective
et ce, d'une manière stratégique et intensive, pour
faciliter les efforts de ces pays en vue de réduire la
pauvreté de façon soutenue et d'assurer le développement
économique, en plus d'atteindre l'objectif de développement
international, c'est-à-dire réduire de moitié,
d'ici 2015, le nombre de personnes qui vivent dans des conditions
d'extrême pauvreté.
2. L'expérience acquise démontre l'importance
de la croissance durable comme condition nécessaire pour
réduire la pauvreté. Tous les intervenants dans
le domaine du développement doivent insister sur les priorités
qui engendreront la croissance vigoureuse nécessaire pour
atteindre les objectifs de l'an 2015. Ces priorités doivent
englober la stabilité macroéconomique, l'encouragement
au développement du secteur privé, la promotion
de saines mesures de gouvernance, l'investissement dans le développement
social, l'accélération de la libéralisation
du commerce et le raffermissement des secteurs financiers.
3. Bien que la croissance soit un élément essentiel
de la lutte contre la pauvreté, il convient d'accorder
davantage d'attention à une répartition plus équitable
des avantages de la croissance. À cette fin, il est essentiel
d'appliquer de bonnes politiques sociales, y compris la mise en
place d'institutions, l'éducation et le perfectionnement
des compétences, de même que l'amélioration
de la santé, notamment par la lutte aux maladies infectieuses.
Ces éléments représentent la base de la réduction
de la pauvreté et de l'amélioration de l'équité
sociale. L'investissement social assure un rendement élevé
à long terme.
4. La lutte contre la pauvreté à l'échelle
mondiale exige une démarche à plusieurs facettes.
Pour atteindre cet objectif, les pays démunis doivent établir
leurs propres stratégies globales de réduction de
la pauvreté, qui sont centrées sur les objectifs
de développement international. Ces stratégies établiront
un lien crucial entre les politiques sociales et économiques
requises pour réduire la pauvreté et intensifier
la croissance. Elles doivent promouvoir la transparence, la responsabilisation,
l'élimination des dépenses inutiles et la saine
gouvernance. Ces stratégies doivent également être
élaborées dans le cadre de processus de participation
faisant appel à la société civile. Les institutions
financières internationales (IFI) et les donateurs bilatéraux
doivent aider les pays à élaborer et à mettre
en œuvre ces stratégies, notamment grâce à
une aide technique.
B. Allégement de la dette des PPTE
5. Pour les pays pauvres très endettés (PPTE),
l'allégement de la dette grâce à l'Initiative
améliorée en faveur des PPTE constitue un élément
essentiel de l'établissement d'un cercle vertueux de réduction
de la pauvreté et de développement économique.
L'an dernier à Cologne, nous avons convenu de mettre sur
pied l'Initiative visant un allégement rapide et plus généralisé
de la dette, et de dégager des fonds pour la réduction
de la pauvreté. Nous soulignons l'appui accordé
à cette initiative par la communauté internationale,
l'automne dernier.
6. Depuis, l'Initiative a été mise en œuvre.
Neuf pays ont atteint des points de décision et touchent,
en vertu du nouveau cadre, une aide en vue de la réduction
de la dette qui devrait totaliser plus de 15 milliards de dollars
US sur une base nominale (8,6 milliards de dollars US selon la
valeur actualisée nette). Jusqu'à 11 autres pays
pourraient atteindre le point de décision d'ici la fin
de l'année. L'annexe ci-jointe renferme d'autres détails
sur l'état d'avancement de l'Initiative améliorée
en faveur des PPTE.
7. Nous encourageons les PPTE qui ne l'ont pas encore fait à
enclencher sans tarder le processus en procédant à
l'élaboration de stratégies de réduction
de la pauvreté, en étroite collaboration avec la
Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI)
et à profiter par le fait même de la réduction
de la dette. Nous nous préoccupons du fait que certains
PPTE sont actuellement aux prises avec des conflits militaires
qui les empêchent de réduire la pauvreté et
qui retardent l'allégement de leur dette. Nous unirons
nos efforts pour que le plus grand nombre de pays possible atteignent
leur point de décision, conformément aux objectifs
fixés à Cologne, et nous accorderons toute l'attention
voulue à l'évolution des réformes économiques
et à la nécessité d'établir le lien
entre l'allégement de la dette et la réduction de
la pauvreté.
8. Nous encourageons la Banque mondiale et le FMI à poursuivre
leurs efforts en vue de mettre en œuvre rapidement et efficacement
l'Initiative. À cet égard, nous soulignons la mise
sur pied, en avril, du Comité mixte de mise en œuvre
de la Banque mondiale et du FMI, et nous lui demandons de faciliter
efficacement l'application de l'Initiative en faveur des PPTE
et de fournir périodiquement de l'information sur l'état
d'avancement de chaque pays.
9. Nous notons les progrès réalisés à
l'égard des sommes requises par les IFI pour mettre en
œuvre efficacement l'Initiative améliorée en
faveur des PPTE. Nous encourageons une participation efficace
et rapide de la part de tous les créanciers multilatéraux
et bilatéraux, notamment les pays qui ne sont pas membres
du Club de Paris. Les ressources relatives à la part du
coût de l'allégement de la dette assumé par
le FMI et la Banque mondiale ont été déterminées,
et des contributions appréciables aux besoins en financement
d'autres IFI ont été versées. Nous demandons
aux banques multilatérales de développement de s'engager
activement à l'égard de l'Initiative en utilisant
au maximum leurs ressources internes. Nous soulignons les progrès
réalisés récemment en vue de mettre au point
un programme de financement qui favorisera l'allégement
de la dette des PPTE d'Amérique latine.
10. Nous réitérons notre engagement à fournir
dans les plus brefs délais les ressources que nous avons
engagées. Ainsi, nous reconnaissons l'importance d'un juste
partage du fardeau entre les créanciers. Nous encourageons
les donateurs bilatéraux à effectuer de nouvelles
contributions au fonds fiduciaire des PPTE.
11. Nous réitérons notre engagement à la
réduction bilatérale de la dette à l'intérieur
du cadre des PPTE. À cet égard, nous nous sommes
engagés à annuler la dette relative à nos
obligations commerciales pouvant être traitées dans
le cadre du Club de Paris. Nous soulignons l'annonce effectuée
par certains autres pays, à savoir qu'ils annuleront également
la dette, et nous demandons à d'autres créanciers
d'en faire autant.
C. Au-delà de la réduction de la dette
12. L'aide publique au développement (APD) continuera
d'être essentielle pour appuyer et encourager les efforts
des pays démunis en matières de réduction
de la pauvreté et de développement économique.
Ainsi, nous soulignons le renversement récent de la tendance
au chapitre de la diminution des niveaux d'aide. Pour faire en
sorte que les pays auxquels l'Initiative s'applique ne soient
plus confrontés à un fardeau excessif de la dette,
nous nous sommes engagés à offrir à ces pays
une APD prenant le plus souvent la forme de subventions.
13. L'expérience acquise démontre que l'aide économique
aux pays appliquant une saine gestion permet d'intensifier la
croissance et d'améliorer la situation sociale. Les donateurs
peuvent intervenir en dirigeant l'aide de façon plus efficace
vers les pays démunis qui font la preuve d'efforts sérieux
en vue d'apporter des réformes économiques et de
réduire la pauvreté. Les donateurs doivent également
accroître l'efficacité de leur aide en coordonnant
plus efficacement les mesures d'aide axées sur les programmes
bien pensés et mis en œuvre par les bénéficiaires
et en simplifiant, et dans la mesure du possible, en harmonisant
les mesures d'aide. [and untying aid to least developed countries
with a concrete fair burden sharing mechanism.]
14. Pour assurer l'application de méthodes de prêt
responsables, il est essentiel que les donateurs réitèrent
leur engagement à décourager les dépenses
non productives. Ainsi, nous demandons à l'Organisation
de coopération et de développement économiques
(OCDE) de faire en sorte que son groupe chargé du crédit
à l'exportation examine le raffermissement des mesures
visant à garantir que l'aide au crédit à
l'exportation destinée aux PPTE et à d'autres pays
en développement à faible revenu ne soit pas utilisée
à des fins non productives. Le résultat de cet examen
doit être publié, et il pourrait englober l'analyse
des règles et règlements nationaux pertinents. Nous
encourageons l'OCDE à exécuter ces travaux dès
que possible. En outre, nous soulignons les efforts déployés
par les IFI et d'autres donateurs afin d'encourager les pays démunis
à appliquer des politiques de saine gestion de la dette
pour garantir l'utilisation productive des ressources.
15. Des biens publics mondiaux tels l'environnement et la santé
méritent une attention prioritaire et exigent la participation
généralisée des IFI, notamment la Banque
mondiale et les banques régionales de développement,
mais également de donateurs bilatéraux. Pour être
efficace, la participation de la communauté internationale
dans le domaine des biens publics mondiaux doit reposer sur les
principes de l'avantage comparatif et de l'établissement
de priorités.
D. Amélioration du contexte du commerce et de l'investissement
16. Compte tenu du lien étroit entre la croissance du
commerce et de l'investissement et la croissance économique,
le commerce et l'investissement joueront un rôle de premier
plan dans la promotion de la réduction efficace de la pauvreté
et de la croissance économique durable. Nous devons trouver
des façons de permettre aux PPTE et à d'autres pays
en développement à faible revenu d'avoir leur mot
à dire dans le commerce mondial et nous devons améliorer
l'accès de ces pays aux marchés internationaux.
Nous devons faire en sorte que l'imminente série de négociations
de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) favorisent activement
les intérêts de ces pays de sorte qu'ils puissent
également tirer profit de la libéralisation du commerce.
Nous devons également favoriser la coopération régionale
entre ces pays, conformément aux règles de l'OMC,
qui représentent souvent une première étape
appréciée dans le but de faciliter l'intégration
à l'économie mondiale. Nous demandons aux organismes
internationaux pertinents, notamment l'OMC et la Banque mondiale,
d'intensifier leurs efforts en vue d'accroître le potentiel
en matière de commerce dans les pays les plus démunis.
Nous devons également appuyer les efforts des pays pauvres
en ce qui touche la mise en place d'un contexte propice à
l'investissement productif.
E. Intégration plus rapide à l'économie
mondiale
17. En prévision de l'évolution rapide de la mondialisation
et de la révolution de la technologie de l'information
(TI), il est important que les pays en développement, notamment
les plus démunis, profitent des avantages issus des nouveautés
de la TI et évitent le fossé informatique. Il est
essentiel que la communauté internationale insiste sur
la mise en valeur du potentiel et des institutions, y compris
en matière de TI, comme l'investissement et le capital
humain.
18. À plus long terme, il faudra veiller à ce
que tous les pays en développement puissent franchir les
échelons du développement. Dans bien des pays, l'épargne
nationale et les mouvements des capitaux privés jouent
déjà un rôle important dans le développement
du financement. La mise en place du contexte permettant de rehausser
les formes stables de financement et d'investissement privé
constitue un élément clé pour garantir le
développement durable.
19. Un grand nombre de pays en développement continueront
de dépendre de l'aide à des conditions de faveur
dans un avenir prévisible; les IFI doivent toutefois envisager
des façons de permettre à ces pays de participer
au marché financier mondial à l'avenir. L'objectif
doit consister à donner des repères aux pays en
développement pour leur permettre de passer de l'isolement
à l'intégration, à la croissance et au développement.
ANNEXE - L'Initiative en faveur des pays pauvres très
endettés : Progrès réalisés au chapitre
de la mise en œuvre
1. L'Initiative améliorée en faveur des PPTE,
qui a été instaurée à Cologne l'an
dernier, vise à alléger rapidement et de façon
généralisée la dette des PPTE et à
faire en sorte que les avantages de l'allégement de la
dette soient utilisés pour réduire la pauvreté.
Le lien entre l'allégement de la dette, la réforme
des politiques socio-économiques et la réduction
de la pauvreté dans le cadre du processus d'aide aux PPTE
est établi grâce à des documents approfondis
portant sur la stratégie de réduction de la pauvreté.
Ces documents sont élaborés par les PPTE dans le
cadre d'un processus auquel participe la société
civile, avec le concours des institutions financières internationales
et des donateurs.
2. Neuf pays (le Bénin, la Bolivie, le Burkina Faso,
le Honduras, la Mauritanie, le Mozambique, l'Ouganda, le Sénégal
et la Tanzanie) ont atteint leurs points de décision en
vertu de l'Initiative améliorée. Pour ces neuf pays,
l'allégement de la dette a été convenu et
il représentera des économies supérieures
à 15 milliards de dollars US sur une base nominale (8,6
milliards de dollars US selon la valeur actualisée nette).
Cette somme représente en moyenne une réduction
d'environ 45 % de l'encours de la dette des pays visés,
en plus de l'application des mécanismes classiques d'allégement
de la dette. Cette somme augmentera en raison de la réduction
de la dette au titre de l'Aide publique au développement
dont nous avons convenu à Cologne et de notre engagement
à éliminer la dette commerciale admissible des PPTE
qui réduiront leur dette en vertu de l'Initiative.
3. En outre, selon les plus récentes estimations du FMI
et de la Banque mondiale, jusqu'à 11 autres pays pourraient
atteindre leurs points de décision d'ici la fin de l'année
(le Cameroun, la Côte d'Ivoire, la Guinée, la Guinée-Bissau,
la Guyane, le Malawi, le Mali, le Nicaragua, le Rwanda, le Tchad
et la Zambie). L'allégement total de la dette convenu en
vertu de l'Initiative en faveur des PPTE atteindrait ainsi environ
35 milliards de dollars US sur une base nominale (environ 20 milliards
de dollars US selon valeur actualisée nette). Encore une
fois, ce montant augmentera en raison de la réduction de
la dette au titre de l'APD et de notre engagement à annuler
la dette commerciale admissible.
4. Le point de décision de ces pays dépendra de
leur engagement en matière de réduction de la pauvreté
et de croissance économique, c'est-à-dire l'état
de préparation de stratégies de réduction
de la pauvreté et du rendement de ces pays au chapitre
des programmes du FMI. Les progrès réalisés
quant à la mise en œuvre de ces engagements seraient
évidemment minés par des conflits armés ou
des troubles politiques.
5. Il reste 20 PPTE. De ce nombre :
* quatre pays (l'Angola, le Kenya, le Vietnam et le Yémen)
ne devraient pas atteindre le seuil d'endettement donnant droit
à une aide accrue au titre de la réduction de la
dette des PPTE;
* deux pays ont décidé de ne pas demander d'allégement
en vertu de l'Initiative améliorée (le Ghana et
la RDP lao);
* deux pays participant aux programmes du FMI sont en voie d'appliquer
les mesures nécessaires. D'ici là, ils bénéficient
de l'allégement classique de la dette (Conditions de Naples
du Club de Paris [67 %]) dans le cadre du programme du FMI (Madagascar
et Sao Tomé-et-Principe);
* 12 pays n'ont pas convenu à l'heure actuelle de programme
en vertu de la Facilité du FMI pour la réduction
de la pauvreté et la croissance; ils devront donc fournir
les preuves nécessaires avant d'atteindre le point de décision
(le Burundi, l'Éthiopie, le Libéria, le Myanmar,
le Niger, la République centrafricaine, la République
du Congo, la République démocratique du Congo, la
Sierra Leone, la Somalie, le Soudan et le Togo). Le rythme de
progression de ces pays vers le point de décision variera
sensiblement. Un petit nombre d'entre eux sont tout près
du point de départ. Dix pays sont au cœur de conflits.
Certains sont victimes de troubles politiques ou d'instabilité
macroéconomique. Dans ces circonstances, bon nombre d'entre
eux sont encore incapables de s'engager à appliquer le
cadre des PPTE qui vise à faire en sorte que les ressources
dégagées par l'allégement de la dette soient
utilisées pour réduire la pauvreté à
l'intérieur d'un cadre stratégique axé sur
la croissance économique.
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