Cet homme éclectique et cultivé
a laissé une bibliographie comportant plus de 40 ouvrages:
"Le grand espoir du XXe siècle" ; "Le long
chemin des hommes" ; "les Trente Glorieuses".
Il a traité de sociologie, d'éthique et, bien sûr
d'économie. Il a élaboré des séries
longues et il a montré l'importance de la hausse des revenus
réels permise par le progrès technique et la croissance
de la productivité. Il a défini un instrument simple
et permanent de mesure du niveau de vie : le salaire horaire du
travailleur non qualifié rapporté aux principaux
prix. Grâce à cet instrument, il a pu répondre
à des questions concrètes telles que: combien fallait-il
d'heures de salaire à telle date pour payer un kilo de
pain, une automobile, une paire de chaussures .
Avec ce même instrument, il a mis en évidence la
réduction considérable de l'éventail des
salaires réels entre 1940 et 1990.
Avec "Les Trente Glorieuses", il a permis de prendre
conscience de l'importance de la révolution invisible des
années 1945-1975 en comparant deux villages, l'un de type
sous-développé, l'autre de haut niveau de vie, en
révélant ensuite qu'il s'agissait du même
village, mais photographié, une première fois en
1946 et la deuxième fois en 1975.
Les Trente Glorieuses sont la période de forte croissance
économique qu’ont connu entre 1945 et 1974 une grande
majorité des pays développés, principalement
les membres de l’OCDE.
La période d'une trentaine d'années (en réalité
vingt-huit ans), entre la fin de la Seconde Guerre mondiale en
1945 et le choc pétrolier de 1973 se caractérise,
après un début difficile, par la reconstruction
économique des pays dévastés par la guerre,
par un plein emploi dans la grande majorité des pays, une
croissance forte de la production industrielle (accroissement
annuel moyen de la production d'environ 5%), et à une expansion
démographique importante (le baby boom) dans certains pays
européens – particulièrement en France et
en Allemagne de l'Ouest (la RFA).
Les Trente Glorieuses furent une véritable « révolution
silencieuse » en tant qu'elles furent porteuses de changements
économiques et sociaux majeurs ; elles ont marqué
le passage en Europe, avec quarante années de retard sur
les États-Unis, vers la société de consommation.
L’origine de cette forte croissance est essentiellement
celle d’un rattrapage technologique vis-à-vis des
États-Unis, pour des pays dont le capital humain (niveau
d’éducation et d’expérience des travailleurs)
restait important. Les heures travaillées sont également
très élevées (la durée du travail
est plus élevée en France que dans les pays voisins
et qu’aux Etats-Unis.