Au début des années trente, Hayek puise son inspiration
dans les travaux de Wicksell et ceux de Böhm-Bawerk, pour
élaborer la théorie du sur-investissement.
Wicksell tente de réaliser une synthèse entre
la théorie générale des prix relatifs et
la théorie quantitative de la monnaie, en distinguant
deux taux d'intérêt : le taux monétaire
de marché, ou taux courant de l'intérêt,
qui est déterminé par le marché de la monnaie
et du crédit, et le taux naturel d'intérêt,
qui s'établirait si on n'usait pas de transactions monétaires.
Le rapport entre les deux taux est, pour Wicksell, l'élément
explicatif des processus de contraction et d'expansion de l'économie,
et Hayek va reprendre cette analyse.
Böhm-Bawerk pense que l'investissement doit être
conçu comme un détour de production dont le taux
d'épargne est le révélateur. Tant que la
structure temporelle de production choisie par les entrepreneurs
correspond au désir d'épargne des consommateurs,
nous sommes en situation d'équilibre. Si de la monnaie
est injectée dans l'économie, et transforme la
structure de prix, l'équilibre peut être rompu,
et le taux d'intérêt de marché peut baisser
au-dessous du taux naturel, ce qui suscite une augmentation
de l'investissement. Ce "Sur-investissement" est financé
par ce que Hayek appelle "l'épargne forcée",
et lorsque cette épargne n'est plus disponible, l'économie
traverse une période de chômage et de réajustements.
Hayek propose une politique d'austérité et de
discipline monétaire, à l'inverse de Keynes qui
préconise de stimuler l'investissement par un accroissement
de la masse monétaire.
Hayek, qui s'est imposé comme le principal théoricien
contemporain du libéralisme, a été distingué
par le jury du Nobel en 1974, pour les fondements aussi bien
juridiques, politiques que purement économiques qu'il
donne à ses analyses de la société.
F.Hayek : "Droit, législation et liberté",
PUF, 1976.