Inflation et chômage
En mars 1993, la barre des trois millions de chômeurs a
été atteinte en France. Un an plus tard, nous avons
plus de 3300 000 chômeurs, par contre l’inflation,
quant à elle, a été maîtrisée
et atteint son taux le plus faible au mois de février 1994.
En 2006, le taux de chômage ne cesse de baisser.
L’inflation est un déséquilibre économique
où l’augmentation des prix des biens et des services,
est forte. Les types d’inflation sont nombreux, c’est
un phénomène pluriel, on distingue trois types d’explication
: l’inflation monétaire trouve son origine dans l’émission
excessive de monnaie ; l’inflation par la demande, une forte
demande entraîne une raréfaction des produits d’où
une augmentation de leurs prix pour la ralentir et l’inflation
par les coûts, les entrepreneurs pour maintenir leurs profits
doivent si les coûts s’accroissent, augmenter les
prix.
Le BIT (Bureau international du travail), organisation internationale,
donne une définition du chômage. Il faut pour être
chômeur : être sans emploi, disponible pour exercer
un travail et être à la recherche d’un emploi
rémunéré. On distingue aussi plusieurs types
de chômage : chômage conjoncturel qui tient compte
de l’activité économique, chômage structurel
lié aux structures économiques, sociales et institutionnelles
de la société, chômage frictionnel dû
aux délais d’ajustement de la main-d’œuvre,
chômage technologique dû aux innovations et au progrès
technique, chômage technique, chômage saisonnier,…
En 1958, l’économiste néo-zélandais
A.W. PHILLIPS établissait une corrélation entre
le taux d’accroissement du salaire nominal et le taux de
chômage. La courbe de Phillips était née et
montrait une relation inverse entre les deux variables, l’augmentation
du chômage serait associée à une diminution
du salaire nominal et inversement un accroissement du salaire
provoquerait une diminution du chômage. La corrélation
positive entre l’augmentation ou la diminution du salaire
nominal et le taux d’inflation ont modifié l’interprétation
de cette courbe. La courbe de Phillips a mis en évidence
le taux de chômage et le taux d’inflation.
Quelle est la pertinence de la courbe de Phillips ? quelles sont
les conséquences de son interprétation par la classe
politique ? Cette courbe est-elle toujours d’actualité
?
Dans les années soixante, les thèses keynésiennes
sont prépondérantes, les dépenses étatiques
peuvent provoquer la relance privée, les autorités
jouent sur les instruments de la politique monétaire et
budgétaire pour freiner l’accroissement du chômage.
Les politiques sont dits (souligné par le correcteur )
de « stop and go ». Dans les années soixante-dix,
la courbe de Philipps se modifie et les thèses des monétaristes
apparaissent, les deux phénomènes deviennent cumulatifs.
Dans une première partie, nous verrons de la genèse
ou la courbe de Philipps à la fin des années soixante,
la thèse des keynésiens. Nous étudierons
cette courbe dans différents pays. Dans une deuxième
partie, nous verrons l’évolution de la courbe de
Phillips du début des années soixante-dix à
nos jours. La thèse de Milton Friedman et des monétaristes
servira de support à notre étude.
I – La courbe de Phillips - la thèse des keynésiens
1- La démarche empirique de Phillips.
Un chômage faible entraîne une demande de travail
forte, la concurrence entre les employeurs pousse les salaires
à la hausse. Une demande de travail faible provoque une
mauvaise position pour les salariés.
2 – La politique économique adoptée.
Les gouvernements s’appuient sur les idées développées
par les keynésiens, une réduction du chômage
entraîne une accélération des salaires nominaux
et une augmentation de l’inflation. Obtenir la désinflation,
c’est accepter une croissance moindre et surtout une augmentation
du chômage.
Politique de stop and go, politique de régulation conjoncturelle.
« moins de chômage, plus d’inflation »
ou « moins d’inflation, plus de chômage ».
réf : Encyclopédie économique
articles de Robert Salais, Olivier Favereau et Xavier Greffe
- Introduction à l’analyse économique, Ahmed
Silem
- Dictionnaire d’économie, C.D. Echaudemaison
II – La thèse des monétaristes
1 – Intérêt pour le couple taux d’inflation-différence
entre le taux de chômage effectif et le taux de chômage
naturel.
Prise en compte des anticipations inflationnistes. Les agents
économiques (consommateurs, salariés, chefs d’entreprise)
prennent conscience que le taux d’inflation originel d’où
une modification de la courbe vers le haut avec un nouveau taux
d’inflation et un retour au taux de chômage naturel.
Pour les monétaristes, la politique de relance n’est
que temporaire.
2 – Etude de différentes courbes de Phillips
- à court terme, à pente négative
- à long terme, à pente verticale, positionnée
par la valeur du taux de chômage naturel.
Réf : Economie, JP Gourlaouen, Dictionnaire d’économie,
Echaudemaison
En 1958, l’économiste Phillips établissait,
à partir de données empiriques sur le Royaume-Uni
entre 1861 et 1957, une courbe montrant l’existence d’une
relation inverse entre l’augmentation du salaire nominal
et le taux de chômage. Le taux d’inflation remplaça
le salaire.
La politique d’inspiration keynésienne utilisa fortement
la courbe de Phillips pour réguler l’économie.
Une politique de relance permet de diminuer le nombre de chômeurs
mais accroît dans un même temps le niveau de l’inflation.
Une politique de rigueur permet de contrôler l’évolution
de l’inflation mais se traduit aussi par un marché
du travail difficile.
Le point de vue keynésien est optimiste, il suppose qu’un
déplacement sur la courbe reste stable tant que la politique
reste la même. Pour eux, la politique économique
est une affaire de choix de priorités.
Dans les années quatre-vingt, la politique de désinflation
compétitive fut associée à une forte poussée
du chômage.
L’étude empirique des courbes de divers pays industriels
montre l’instabilité de la courbe de Phillips. La
thèse des monétaristes et de Milton Friedman en
particulier, essaie d’expliquer cette instabilité.
Les monétaristes prennent en compte l’ouverture de
l’économie sur le reste du monde et les anticipations
inflationnistes. Quand les agents économiques constatent
que le taux d’inflation anticipé est inférieur
au taux d’inflation effectif, ils modifient le taux anticipé
à la hausse, si bien que la courbe de Phillips se déplace
vers le haut et nous retrouvons le même taux de chômage
qui est égal au taux de chômage naturel. Pour les
keynésiens, le taux d’inflation permet de réduire
le chômage, pour les monétaristes, le taux d’inflation
ne peut diminuer le chômage que temporairement. |