Prix Nobel 1995, Robert Lucas a développé et appliqué
l'hypothèse des anticipations rationnelles.
Avec des auteurs comme E.Prescott, T.Sargent, R.Barro et J.F.Muth,
il suppose que les prévisions des agents sont "parfaites",
car ils sont parfaitement informés.
Si il y a erreur dans leurs prévisions, elle ne peut être
que ponctuelle, car les agents s'en aperçoivent et l'intègrent
dans leurs calculs.
Introduite au début des années soixante-dix dans
les modèles macro-économiques, cette hypothèse
s'est progressivement imposée en macro-économie,
tant chez les monétaristes que chez les Keynésiens.
Critique de Lucas
Il pense que les modèles macroéconométriques
keynésiens ne sont bons que pour les prévisions
économiques et non pour définir les politiques économiques.
Il suggère d'introduire des modèles structurels,
où les agents sont rationnels et évoluent dans un
environnement fluctuant. Selon lui, cette notion doit constituer
le principe fondamental de la modélisation macroéconomique.
Sa critique a été largement acceptée et a
été à la base d’une transformation
radicale de la modélisation macroéconomique.
Théorie d’anticipation rationnelle
Popularisé par Lucas, la théorie des anticipations
rationnelles fut introduite par John Muth en 1961, pour désigner
l’idée selon laquelle les agents sont dotés
des capacités d’anticiper rationnellement avec les
informations dont ils disposent les résultats de leur entreprise,
prise au sens large.
De manière basique jusqu’avant l’apport de
Lucas, on supposait dans les modèles que les agents étaient
imprécis, naïfs, bref se projetaient dans le futur
en se basant sur le passé de la variable concernée.
Cette approche méthodologique se retrouve au sein de la
théorie des anticipations adaptatives, que Milton Friedman
avait utilisée dans ses modèles.
C’est dans « Expectations and the Neutrality of Money
» que Lucas aborde le problème de l'anticipation
rationnelle et se soucie de la théorie développée
par Friedman : il donne de la rigueur à la théorie
de l’incapacité des politiques monétaires
abordée par Milton Friedman, en remplaçant l’hypothèse
d’anticipation adaptative par celle d’anticipation
rationnelle. Pour y arriver, il construit un modèle à
générations imbriquées. Il prouve, dans cet
article, la neutralité de la monnaie : argument cher tant
aux anciens classiques au sens de Keynes qu’aux nouveaux
classiques. Il prouve en même temps la thèse soutenue
par Friedman selon laquelle les chocs monétaires ont des
incidences, sans toutefois que ce trait soit une des solutions
proposées en politique monétaire.
L'hypothèse des anticipations rationnelles permet à
Lucas d'avancer que, à la suite de la mise en oeuvre d'une
politique économique, les agents ajustent instantanément
leurs anticipations de prix et de salaires à la nouvelle
situation.
Toute politique économique est-elle donc inutile ? Pas
nécessairement, si les modifications apportées par
l'autorité économique s'établissent selon
des règles clairement négociées.
L'hypothèse des anticipations rationnelles conduit Lucas
à s'interroger sur le bien-fondé des modèles
économétriques : comme les agents modifient leurs
comportements, les coefficients des fonctions ne sont pas constants,
mais dépendent des fonctions de réaction des autorités.
L'économètre ne peut donc mesurer correctement les
effets des politiques économiques. Cette remarque, connue
sous le nom de "critique de Lucas", devait permettre
à l'auteur de développer des modèles économétriques
qui ne soient pas sensibles aux changements de politique économique.
Ces modèles n'existent toujours pas actuellement.
R.E.Lucas : "On the mechanics of economic developpement",
1988, journal of monetary economics.
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