Economiste "pessimiste", il s'oppose
à l'optimisme de Smith et Say par sa théorie de
la population: cette dernière croît comme une suite
géométrique, alors que les ressources augmentent
à un rythme arithmétique. L'Europe occidentale est
en effet au seuil de la transition démographique qui la
conduira vers le régime de basse natalité et de
basse mortalité que nous connaissons aujourd'hui. La croissance
régulière est, de ce fait, impossible, et l'avenir
est sombre si on ne limite pas la croissance démographique.
Cette "loi de Malthus" est reprise par Marx, qui distingue
la valeur de la force de travail et le produit de la force de
travail.
Il prédit que la population augmente de façon exponentielle
ou géométrique (par exemple : 1, 2, 4, 8, 16, 32,
...) tandis que les ressources croissent de façon arithmétique
(1, 2, 3, 4, 5, 6, ...). Il en conclut à l'inévitabilité
de catastrophes démographiques, à moins d'empêcher
la population de croître.
Il prône aussi l'arrêt de toute aide aux nécessiteux,
en opposition aux lois de Speenhamland et aux propositions de
William Godwin qui souhaite généraliser l'assistance
aux pauvres.
Les politiques de restriction démographique inspirées
de Malthus sont appelées « malthusiennes ».
Sa crainte tournait autour de l'idée que la progression
démographique est plus rapide que l'augmentation des ressources,
d'où une paupérisation de la population. Les anciens
régulateurs démographiques (les guerres et les épidémies)
ne jouant plus leurs rôles, il imagine de nouveaux obstacles,
comme la limitation de la taille des familles et le recul de l'âge
du mariage. Ces propositions ne sont appliquées à
ce jour, toutes les deux, qu'en Chine populaire, qui en effet
se pense obligée de limiter sévèrement sa
démographie.
Les prévisions pessimistes de Malthus ont été
mises à mal, car il n'imaginait pas une si grande augmentation
des ressources et des rendements agricoles (révolution
verte); les nouveaux moyens d'échanges internationaux de
biens de subsistance; le fait qu'une partie du trop plein d'individus
émigrerait vers les États-Unis ou les colonies,
dont elle tirerait profit. Néanmoins aujourd'hui, la contrainte
naturelle reste omniprésente: la révolution verte
a induit une forte dépréciation de la qualité
des sols et des nappes phréatiques. L'épuisement
des ressources fossiles se rapproche dangereusement, à
court ou moyen terme, et ce à cause notamment de la croissance
phénoménale des échanges internationaux de
marchandises et de personnes. N'oublions pas qu'aujourd'hui une
large partie de la population consomme les ressources à
crédit: il faudrait 9,2 terres pour que chaque individu
puisse consommer comme un étasunien.
Cependant, il est intéressant de comparer deux situations
du monde :
1960 : 3 milliards d'habitants, 2 milliards souffrant de malnutrition
(soit 66%)
2000 : 6 milliards d'habitants, 800 millions souffrant de malnutrition
(soit 13,3%)
En revanche, si les prévisions pessimistes de Malthus ont
été retardées par la révolution industrielle,
sa théorie est toujours valide sur le long terme :
Il est exact que la population est en croissance dans certains
pays (6 enfants par femme en Arabie saoudite), que les progrès
de l'hygiène et de la médecine augmentent la taille
de la population, que les ressources renouvelables sur Terre sont
limitées, in fine, par l'énergie solaire que reçoit
celle-ci, qui elle-même détermine la biomasse, sauf
découverte scientifique majeure. Dans ces conditions, les
statistiques sont formelles : il ne sera pas possible à
la population terrestre d'augmenter indéfiniment, et la
régulation devra intervenir à un moment ou à
un autre, et d'une manière ou d'une autre comme par la
transition démographique.
Dans son "Essai sur le principe de population" (1798),
Malthus développe une analyse anti- interventionniste en
matière sociale. "Les lois des pauvres ...créent
les pauvres qu'elles assistent..".
Le seul remède à la pauvreté ne peut venir
que des pauvres eux-mêmes : davantage d'épargne,
moins d'enfants ...