Formé par son père, James Mill,
il adopta aussi les principes de la philosophie utilitariste de
Bentham qu’il interpréta avec une largeur de vue
nouvelle. Bien qu’individualiste et libéral, il prôna
l’intervention de l’État en faveur de la classe
déshéritée, proposa une modification du droit
de propriété et la formation de coopératives
de production. Il fut un partisan de la libération politique
de la femme.
Les thèmes directeurs :
1°) La politique économique. Son problème
: arriver au meilleur mode de répartition. Pour cela, la
propriété privée est préférable
au communisme à condition d’être aménagée
: coexistence entre liberté individuelle et propriété
commune des matières. La propriété n’est
qu’un bail, il faut limiter le droit d’héritage
et éliminer de la société tout parasitisme.
Il faut organiser "l’État stationnaire
"puisque les progrès techniques ne sont pas illimités
et que la richesse ne saurait s’accroître sans cesse.
Dans cet état, il faut s’attacher
à une juste répartition.
2°) Les échanges internationaux. Le
commerce international se révèle apte à lutter
contre la baisse des profits et la hausse du prix des subsistances.
John Stuart Mill est le dernier des grands classiques
anglais : ses Principes paraissent l’année du Manifeste
de Marx. Mais c’est aussi le moins libéral d’entre
eux et le moins économiste. S’il croit aux vertus
du marché, il s’attache à montrer qu’on
peut résoudre la question sociale grâce à
l’auto-organisation des travailleurs et des consommateurs
au sein de coopératives. Pour lui, l’intervention
de l’Etat est légitime toutes les fois qu’il
en va de la protection des faibles contre les forts : ainsi, il
est favorable à la redistribution, contrairement à
Malthus et à Ricardo, partisans d’un système
éducatif ouvert à tous (comme Smith d’ailleurs).
Mais c’est aussi le moins économiste : si, dans ses
Principes, il annonce que la société se dirige vers
un « état stationnaire », il croit à
un droit naturel basé sur « le plus grand bien au
plus grand nombre », dans la lignée de Bentham, dont
il est un des disciples. Il refuse la perspective d’une
société dont l’énergie serait consacrée
à élever « des chasseurs de dollars ».
« C’est dans l’existence d’une classe
pourvue de loisirs que nous voyons le grand et salutaire correctif
de tous les inconvénients dont la démocratie est
susceptible », écrit-il dans ses Essais sur Tocqueville
et la société américaine. Bref, Mill est
un moraliste qui, tout en appelant de ses voeux l’avènement
d’une classe moyenne grâce à une répartition
plus équitable des richesses, croit que l’économie
ne suffit pas à faire société.
Ses écrits
"Système de logique", 1843
Principes d’économie politique (1848), éd.
Guillaumin.
De la liberté (1859), éd. Presses Pocket, 1990.
L’utilitarisme (1861), éd. Flammarion, 1988.
L’assujettissement des femmes (1869), éd. Payot,
1975.
Autobiographie (1873), éd. Aubier, 1993.
De la nature (1874), éd. La Découverte, 2002.