Dans le cadre de l'étude de la fonction de consommation,
Alberto ANDO et Franco MODIGLIANI expliquent que la propension
moyenne à consommer diminue lorsque le revenu augmente,
si on le mesure dans une population à un moment donné,
alors qu'elle demeure constante lorsque le revenu varie dans le
temps.
Comme la théorie du revenu permanent dont elle est relativement
proche, la théorie du cycle de vie est fondée sur
l'idée que les ménages décident de leur consommation
courante dans une perspective de choix intertemporel.
Ainsi, en l'absence d'incertitudes, les individus qui entrent
dans la vie active ont une épargne faible, qui a tendance
à croître car le revenu augmente plus rapidement
que les charges familiales. Plus tard, le revenu augmente, mais
moins que le nombre d'unités de consommation, le taux d'épargne
baisse alors.
De 45 ans aux environs de l'âge de la retraite, le revenu
croît généralement moins rapidement que le
nombre de personnes ne se réduit (départ des enfants)
: l'épargne a tendance à croître. La retraite
montre une réduction des revenus, une nouvelle hausse de
la propension à consommer et le taux d'épargne fléchit
sensiblement.
La théorie du cycle de vie analyse les comportements d'épargne
et tient compte de l'hétérogénéité
de la population selon l'âge.
Ce n’est pas seulement en tant qu’artisan très
actif de la synthèse entre les analyses de Keynes et celles
des néoclassiques, qui a débouché sur le
modèle IS/LM, que Modigliani a laissé un nom dans
la théorie économique. C’est surtout parce
qu’il a proposé deux innovations majeures. La première
est relative au cycle de vie en matière d’épargne
: les individus arbitrent entre épargne et consommation
non seulement en fonction de leurs revenus, comme le disait Keynes,
mais aussi en fonction de leur âge. Ils commencent par s’endetter
pour s’équiper, puis épargnent pour rembourser
et se constituer un patrimoine et, enfin, liquident ce patrimoine
lorsqu’ils cessent leur activité professionnelle.
Si bien que le taux d’épargne d’un pays dépend
de sa structure par âge.
Quant à l’autre contribution, elle concerne la finance
(théorème de Modigliani-Miller, le deuxième
nom désignant Merton Miller, prix Nobel en 1990) : la valeur
de marché d’une entreprise cotée en Bourse
ne dépend pas de la structure financière de son
passif (est-elle financée surtout par des emprunts ou par
du capital ?), mais uniquement de ses perspectives de profit.
Sous-entendu : la Bourse ne valorise pas le présent, mais
le futur, à partir d’hypothèses de rentabilité.
Très critique à l’égard du monétarisme,
Modigliani est l’un des fondateurs de l’analyse financière
moderne.
Ses écrits
- The Collected Papers of Franco Modigliani, MIT Press, 1980.
- « The Life-Cycle Hypothesis of Savings : Aggregate Implications
and Tests », avec Albert Ando, American Economic Review,
vol. 53, 1963.