Myrdal, prix Nobel 1974, commence sa carrière comme spécialiste
de la théorie monétaire et des cycles. Il est le
premier à introduire les anticipations dans l'analyse de
la formation des prix. Il se propose de réaliser une critique
de la thèse de son compatriote Knut Wicksell. Pour établir
une distinction entre les anticipations d'épargne et d'investissement,
et les grandeurs réalisées (et statistiquement enregistrées),
il introduit les concepts de ex ante, (grandeurs projetées
par les agents avant leur réalisation), et ex post, (grandeurs
réalisées).
Par exemple, à un moment donné, les consommateurs
peuvent anticiper un certain revenu et décider de réaliser,
sur cette base, une certaine épargne. Si le revenu réalisé
diffère du revenu anticipé, l'épargne sera
sans doute différente. De la même manière,
les entrepreneurs peuvent, à un moment donné, faire
des plans d'investissement d'un certain montant. Si une baisse
de la demande vient à se produire, entraînant une
accumulation de stocks non désirés, l'investissement
réalisé sera plus important que l'investissement
initialement envisagé.
Selon Myrdal, un déséquilibre "ex ante"
entre les grandeurs, qui sont égales "ex post",
est à l'origine des fluctuations économiques, de
l'inflation et du chômage. Myrdal est un précurseur
de la révolution keynésienne, et plusieurs résultats
importants de la "théorie générale"
de Keynes sont déjà présents dans ses travaux.
Myrdal juge que l'économie seule est insuffisante pour
expliquer les mécanismes complexes de l'évolution
des sociétés. D'ailleurs, qu'il s'agisse de ses
études sur la discrimination raciale aux Etats-Unis, sur
les pays en développement ou sur le désarmement,
l'essentiel de son oeuvre se situe en dehors de l'économie
pure.
On lui doit la notion de cercles vicieux de pauvreté (Myrdal
préfère le terme de « causation circulaire
cumulative ») que Galbraith reprendra ensuite à son
compte. Ce qui est une façon de dire que nulle force équilibrante
ne vient corriger les déséquilibres sociaux et qu’il
ne faut pas compter sur le marché pour y parvenir. Son
apport essentiel est de souligner que le marché ne peut
anticiper ou régler les défis globaux, comme la
pauvreté de masse ou la stagflation.
Il faut une intervention concertée, coordonnée et
globale, qui ne peut être que le fait de l’Etat ou
de pactes sociaux entre acteurs : le marché est un mécanisme
de coordination microéconomique qui est tenu en échec
lorsqu’on se situe à l’échelle de problèmes
macroéconomiques ou macrosociaux, et lorsque se développent
des cercles vicieux comme ceux de la déflation. Mêlant
toujours approche économique et approche sociale, voire
sociologique, Myrdal annonce les socio-économistes contemporains
et développe en fait une analyse de la complexité
des mécanismes sociaux. C’est aussi à Myrdal
que l’on doit l’introduction d’un facteur psychologique
majeur en économie : les anticipations.
Ses écrits
Une économie internationale (1956), éd. PUF, 1959.
Théorie économique et pays sous-développés
(1957), éd. Présence africaine, 1959.
Planifier pour développer (1960), éd. Editions ouvrières/Economie
et Humanisme, 1963.
Le drame de l’Asie. Une enquête sur la pauvreté
des nations (1968), éd. du Seuil, 1976.
Le défi du monde pauvre. Les grandes lignes d’un
programme mondial anti-pauvreté, éd. Gallimard,
1972.
Procès de la croissance (1973), éd. PUF, 1978.
ACTUALITES
Dernières vidéos en ligne
PODCASTEZ
!
Portail
numérique de l'éducation et
de l'orientation