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François PERROUX (France, 1903-1987)

Ce grand économiste français n'a appartenu à aucune grande école de pensée. Sévère à l'égard de Keynes, influencé par Marx tout en récusant son approche de la société, peu aimable envers les libéraux et Adam Smith, il a eu pour maître Joseph SCHUMPETER bien qu'il s'en soit, ensuite, distingué.

Il a distingué la croissance économique du développement économique : "La croissance économique correspond à l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en termes réels. (…) Le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître son produit net global ".

Le développement constitue un concept plus large, dans la mesure où il englobe une dimension sociale, en particulier en termes de répartition de richesse nationale. S’il est difficile de concevoir un développement sans croissance économique, cette dernière n’engendre pas nécessairement le développement. Celui-ci introduit une dimension qualitative alors que la croissance constitue un processus uniquement quantitatif

Il a introduit la notion d’effets de domination entre pays riches et pays en voie de développement.

À propos des accords de Bretton-Woods, il a parlé des "rapports asymétriques"entre les États-Unis d’Amérique et le reste du monde car les autres pays doivent payer leur déficit courant en or ou en devises. Les États-Unis étaient dispensés de cette discipline puis que la seule monnaie convertible en or était le dollar.

Dans l'oeuvre de Perroux, l'économie n'est pas dissociable de son option philosophique et éthique : l'humanisme chrétien. Celui-ci a inspiré ses premiers intérêts pour la "communauté de travail" (1938), son rejet du marxisme, ses options en faveur de la solidarité, d'une économie de don, d'une économie pour l'homme. L'économique ne peut se réduire aux seuls rapports marchands entre agents homogènes : les rapports de pouvoir mais aussi la solidarité en sont parties intégrantes. Perroux rejette ainsi les principes fondateurs de l'univers néo-classique. Son oeuvre vise avant tout à rendre compte de la réalité grâce à un effort théorique rigoureux. Perroux soutient que l'économie n'est pas proprement une "science" mais un "savoir scientifiquement contrôlé". Le point central de toutes ses conceptions réside dans l'élaboration d'une théorie généralisée de l'équilibre. Perroux ne remet pas en cause la modélisation mais souhaite qu'elle soit plus scientifique. En assimilant les faits humains à des phénomènes physiques, on ignore ce qu'on appelle aujourd'hui les mathématiques de l'homme.
Une économie vraiment scientifique ne peut comprendre la croissance et le développement que dans une dynamique du déséquilibre où se manifestent les forces sociales, qui permet le progrès et qui explique plus rigoureusement la vraie nature de l'équilibre économique. Perroux en arrive à faire une distinction entre croissance et développement. Selon lui, la croissance n'est qu'une augmentation pendant une période plus ou moins longue du produit global réel. Le développement englobe la croissance et la dépasse. La croissance permet des progrès, le développement assure le progrès. Après Schumpeter, il a distingué innovation technique et création économique. Il distingue également croissance, phénomène quantitatif et développement économique. Ce dernier obéit le plus souvent à un processus cumulatif dont profitent certains pôles. Dès les années 1950, Perroux s'attache au phénomène essentiel du sous-développement et à la montée des firmes transnationales (la grande firme et la petite nation).
Le champ de l'économie pour François Perroux est celui de l'action des hommes en société pour la satisfaction de leurs besoins. Son principal souci est d'affirmer l'homme comme finalité de l'économie, avec cet objectif ultime "développer tout l'homme et tous les hommes", c'est?à?dire nourrir, loger, éduquer, soigner les hommes. En fait, il s'agit de couvrir les coûts de l'homme. François Perroux milite en faveur de la construction d'un système économique et social uni. Reprenant l'idée saint-simonienne du nouveau christianisme, il insiste sur l'idée que "les bonnes oeuvres ne sauraient nous détourner de la grande oeuvre qui est de libérer nos semblables". La construction de l'homme par l'homme n'existe que lorsque chacun contribue à l'épanouissement de tous en étant complètement libre, sa liberté ne limitant pas celle des autres, la renforçant au contraire. Essentiellement attaché aux phénomènes de la production, Perroux s'intéressera également aux problèmes monétaires, à l'inflation, à l'évolution du rôle du Dollar.
Il se laissera aussi interpeller par la condition faite au travail dans la société industrielle, le syndicalisme, l'aliénation.
Perroux a largement contribué à la diffusion en France de la pensée de Keynes et à l'ouverture de la pensée française à des auteurs aussi dissemblables que J. Schumpeter, J.Chamberlin, Kalecki. Il a aussi joué un rôle majeur lors de la mise en place de la comptabilité nationale.
Enfin, F. Perroux a pris parti pour la construction européenne. Mais pour lui, I'Europe n'est pas limitée par une frontière territoriale. Elle se trouve partout où ses idées ont une certaine emprise, elle est "sans rivages".
F. Perroux s'est éteint en 1987, à l'age de 84 ans, il reste avant tout grand humaniste.

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