Peut-on réduire le chômage en utilisant seulement
les politiques budgétaires et monétaires ?
Introduction
L'évolution récente des économies développées
nous enseigne que le chômage est devenu un problème
social d'une telle ampleur qu’il s'impose à tous
comme la priorité exclusive en matière de politique
économique.
Le phénomène serait spécifique à l’Europe,
quant à son niveau (dix-huit millions) et à sa permanence
(vingt ans).
Ils s’agirait même d’une spécificité
française, dans sa composante « chômeurs de
longue durée ». Or, "nul n'aurait pu imaginer
le coût social de transition induit par la construction
européenne" (D.TADDEI).
Effectivement, si le régime de stagflation des années
1973 à 1983, consacrait déjà le manque d’efficacité
des politiques contracycliques d'inspiration Keynésiennes,
on peut avancer que la longue récession que nous venons
de vivre commence avec la décision du gouvernement de mettre
en œuvre une politique de désinflation compétitive.
Les trois dévaluations d'octobre 1981 à novembre
1983 ont imposé à la France une policy-mix particulière
: une politique monétaire et budgétaire restrictives,
en vue de correspondre aux critères de convergence nominale
édictée en 1992 à Maastricht.
Ainsi, après la légère dérive inflationniste
de 1989, et la dépression de 1993, l'inflation était
jugulée, le commerce extérieur devenait excédentaire
104 milliards de francs en 1996, et les entreprises avaient pu,
après le déstockage de fin 1992, reconstituer leur
profitabilité.
Cependant, celle-ci avait, dès 1986, changé de comportement.
Le partage de la valeur ajoutée entre salaire et profit,
suite à des gains de productivité, est traditionnellement
« d’égal à égal ».
Or, avec un taux d'autofinancement 120% en 1996, il est clair
que le partage s'est fait au détriment des salaires, ce
qui explique en partie l’atonie de la demande.
De fait, le la rigueur salariale, l'austérité budgétaire
et la politique monétaire restrictive ne pouvaient pas
relancer l'activité économique ni l'emploi ; celui-ci
avait d'ailleurs à jouer un rôle instrumental majeur
dans la baisse des coûts du travail qu'il induisait, permettant
l'allégement des coûts des entreprises.
Mais c'est surtout la baisse de l'autonomie des politiques monétaires
et budgétaires, dans leurs fonctions traditionnelles de
régulation de l'équilibre extérieur et interne
(règle de Mundel), qui inquiète les agents économiques.
En conséquence, la mise en œuvre de politiques conjoncturelles,
donc de court terme, dans un contexte de récession et d'impératifs
Européens, n'a pas permis de réduire sensiblement
le chômage.
On peut donc avancer qu'il est nécessaire de mettre en
œuvre des politiques structurelles, accompagnant les politiques
conjoncturelles, afin d'impulser une croissance créatrice
nette d'emplois.
On développera, en premier lieu, l’inefficacité
des politiques conjoncturelles dans l'objectif de réduction
du chômage, et en second lieu, l'opportunité de politiques
plus structurelles.
I/ L’ incapacité des politiques conjoncturelles
à relancer la croissance économique et l'emploi
est liée à leur faible autonomie dans une Europe
en construction.
1/ L'objectif unique de la désinflation compétitive.
2/ Les conséquences sur la croissance et le chômage.
II/ Des politiques plus structurelles peuvent réduire
le chômage.
1/Poursuivre en innovant sur l’emploi.
2/ Les théories de la croissance endogène.