Les politiques économiques
L'expression " politiques économiques" recouvre
l'ensemble des mesures prises par l'Etat pour modifier l'affectation
des ressources, réguler la conjoncture et redistribuer le
revenu national. On distingue en premier lieu les politiques conjoncturelles
(de court terme), dont l'objectif est de lutter contre le chômage,
l'inflation et les déséquilibres du commerce extérieur
et en second lieu les politiques de redistribution du revenu, qui
visent à réduire les inégalités sociales.
Enfin, les politiques structurelles soutiennent les secteurs jugés
prioritaires, en modifiant durablement le partage des activités
entre secteur public et secteur privé.
Deux grands types d'analyses s'opposent parmi les économistes
:
1/ L'analyse libérale :
L'analyse libérale traditionnelle , soutenue par les théoriciens
classiques et néoclassiques, explique les phénomènes
économiques par le comportement individuel d'agents économiques
rationnels, qui procèdent à des échanges
sur des marchés de "concurrence pure et parfaite",
et concourent par là même à l'intérêt
général.
Dans ce modèle théorique, le plein-emploi est toujours
assuré grâce aux variations du salaire réel.
Le chômage involontaire est impossible : seuls sont au chômage
les travailleurs qui recherchent momentanément un emploi,
ou qui estiment trop faible le salaire réel d'équilibre.
De même, les déséquilibres sur le marché
des biens et services sont impossibles ou passagers (Loi de Say),
et la politique économique est inutile. Sur le marché
des capitaux, la fixité des taux d'intérêt
assure l'équilibre entre l'investissement et l'épargne.
Au sein de cette concurrence pure et parfaite, les déséquilibres
sont impossibles et l'intervention de l'Etat dans l'économie
sans effet. En effet, une politique monétaire expansionniste
serait inflationniste et n'aurait aucun effet sur la sphère
réelle. Une politique budgétaire serait inefficace,
quel que soit le mode de financement choisi. En effet, les théoriciens
libéraux expliquent que le recours à l'emprunt élève
le taux d'intérêt sur le marché des capitaux,
augmente l'épargne des ménages mais diminue leur
consommation ainsi que les investissements des entreprises. De
même, le financement par l'impôt réduit le
revenu disponible des ménages et donc leur consommation.
Le rôle de l'Etat , pour cette école de pensée,
doit être limité aux actions visant à surmonter
les défaillances du marché : justice, éducation,
défense nationale et police.
2/ L'analyse Keynésienne :
J.M.Keynes publie " La théorie générale"
en 1936, cherche à rompre avec les analyses néo-classsiques
dominantes et à démontrer le bien-fondé des
politiques macroéconomiques.
Il y montre comment expliquer les mécanismes économiques,
par des grandeurs globales interdépendantes comme la production,
le revenu , l'investissement , la consommation et l'épargne.
Les prix sont rigides à court terme et les déséquilibres
entre l'offre et la demande sont possibles, car les ajustements
se réalisent par les quantités et non par les prix.
Les entreprises décident du volume de leur production
en fonction d'anticipations de la demande. Tant que la demande
anticipée par les entreprises est supérieure à
l'offre, les entreprises sont incitées à augmenter
leur production. Cette "demande effective" détermine
le volume de la production et de l'emploi. Le niveau de l'emploi
dépend donc de la demande anticipée et ne correspond
pas nécessairement à la population active. Le chômage
involontaire est possible et s'explique par l'insuffisance de
la demande.
En conséquence, l'Etat doit se substituer au marché,
parfois défaillant, et mettre en oeuvre des politiques
conjoncturelles.
La politique budgétaire vise à stimuler la demande,
par le biais des dépenses publiques qui distribuent des
revenus supplémentaires, d'où une hausse de la consommation
et donc de la production et de l'emploi. Instrument privilégié
des politiques économiques, la politique budgétaire
contracyclique permet d'accélérer ou de ralentir
la croissance en modulant les dépenses publiques, les recettes
fiscales et le déficit budgétaire.
Grâce au mécanisme du multiplicateur, la hausse
induite de la production est plus que proportionnelle à
la dépense initiale de l'Etat. Celui-ci peut également
peut également abaisser les impôts ou augmenter les
revenus de transfert. Ces mesures concourent à présenter
un budget en déficit, ce qui évite la répercussion
sur les prélèvements obligatoires.
La politique monétaire accompagne la politique budgétaire,
et consiste à agir sur les taux d'intérêt
à la baisse pour stimuler l'investissement. Mais si les
agents anticipent une faible reprise de la demande, la reprise
de l'investissement peut ne pas se produire. Néanmoins,
la politique monétaire doit accompagner la politique budgétaire,
car l'augmentation de la demande de monnaie due à la reprise
risque d'élever le taux d'intérêt et de réduire
les investissements.
La politique de relance pose le problème de l'inflation,
en relation avec la situation qui prévaut sur le marché
des biens et des services.
Dans l'actuel régime européen de changes fixes
et de liberté de mouvements de capitaux, la politique monétaire
perd son indépendance, car la règle consiste à
s'aligner sur le pays dont le taux d'intérêt est
le plus élevé.
De même, la politique budgétaire doit être
restrictive afin de rester dans le cadre des dispositions fixées
à Maastricht.
Dès lors, on peut s'interroger sur les marges de manoeuvre
que les gouvernements ont à leur disposition. |