L’analyse globale proposée dans " Des principes de l’économie
politique et de l’impôt "(1817),
comprend une théorie sur chacun des grands concepts de
l’économie: production, consommation, répartition,
formation des prix, analyse de la valeur...
Trois analyses sont restées
célèbres:
- La valeur des biens est constituée
par la quantité de travail incorporée en eux.
- Différente du profit, la rente
est le revenu de la terre: mais comme celle-ci revient à
la classe des " propriétaires de la terre ", l’économie
tend vers un état stationnaire.
- La " loi des avantages comparatifs
(ou relatifs) " est encore actuelle, et justifie le libre-échange
: même si deux pays n’ont pas d’avantages absolus, ils
ont tout de même intérêt à commercer.
Ricardo ne propose pas d’expliquer le niveau précis
des prix auxquels se réalisent les échanges,
mais seulement la fourchette de prix pour laquelle les participants
réalisent des gains.
Concernant l’analyse de la valeur, Ricardo
soutient l’idée, qui sera reprise par Marx, que c’est la
quantité de travail incorporée dans les biens qui
lui procurent cette valeur.
La rente se distingue du profit car elle représente
le revenu d’un facteur indestructible et non reproductible,
la terre. La rente foncière serait à l’origine
de la baisse des profits.
Contre le protectionnisme
En 1815, Ricardo publia An Essay on the Influence of a Low
Price of Corn on the Profits of Stock (Essai sur l'influence
du bas prix du blé sur les profits du capital), dans
lequel il établit la relation entre la rente foncière,
les salaires et les profits dans l'hypothèse d'une économie
à produit unique, le blé. L'élévation
des droits de douane sur le blé importé a tendance
à accroître les rentes des propriétaires
fonciers britanniques et à faire diminuer les profits
des capitalistes, ce qui va à l'encontre des arguments
des propriétaires fonciers partisans du protectionnisme.
Ricardo prend pour base de sa démonstration une économie
qui ne produit que du blé. Sachant que la population
a tendance à s'accroître, il devient donc nécessaire
de mettre en culture des terres de moins en moins productives
; le salaire étant par définition nécessaire
à la simple subsistance du travailleur et de sa famille,
ce salaire exprimé en blé ne peut baisser ; la
demande en blé est inélastique ; or, les rendements
déclinant, les profits par travailleur diminuent, jusqu'à
ce que le profit soit égal à zéro. Aucun
produit agricole ne pouvant être vendu à un prix
inférieur à son coût de production, le prix
du blé va donc être fonction du coût de production
le plus élevé, correspondant à l'unité
de terrain dont la fertilité est la plus faible. La rente
est ainsi définie par la différence entre le coût
de production des produits sur une unité de sol fertile
et le même coût sur une unité infertile.
Si l'on introduit une seconde production, d'origine manufacturière,
Ricardo montre que le problème n'est pas différent,
sachant que le salaire exprimé en blé est toujours
égal à ce qui est nécessaire à la
subsistance des travailleurs des manufactures et de leurs familles.
Dans les manufactures, le blé versé comme salaire
est un capital nécessaire à la production de marchandises
puisque le blé est la nourriture qui entretient les travailleurs
; si le taux de profit des fermes productrices de blé
baisse, celui des manufactures doit également baisser,
sinon il serait plus rentable de produire des marchandises manufacturées
que du blé, et les investissements se détourneraient
de la production agricole pour s'orienter vers les manufactures.
La théorie ricardienne, fondement de l'école classique
anglaise, devait inspirer directement le Peel Act de 1816, qui
détermina le rôle et le fonctionnement de la Banque
d'Angleterre.
En 1817, Ricardo publia son œuvre maîtresse, On the
Principles of Political Economy and Taxation qui, malgré
les critiques de Say, domina l'économie classique pendant
près d'un demi-siècle. En 1819, il entra à
la Chambre des communes et put y propager ses vues libre-échangistes
; il publia alors un ouvrage contre le protectionnisme en agriculture
(On Protection in Agriculture, 1822). Malade, Ricardo dut démissionner
en 1823, et mourut cette même année.