Économiste et démographe français.
Son oeuvre, très diverse, reflète son intérêt
pour les problèmes démographiques de la France mais
aussi du tiers monde et pour les problèmes économiques
engendrés par le progrès technique.
Polytechnicien de formation, Alfred Sauvy commence son parcours
à la Statistique Générale de la France. Très
vite, il s'aperçoit que derrière ses chiffres dorment
des vérités, trop souvent ignorées des gouvernants.
Il s'emploie alors à les énoncer haut et fort, critiquant
notamment l'action du Front populaire. L'objectivité est
son but. En 1938, Paul Reynaud l'appelle pour se charger des questions
économiques mais la guerre arrive déjà. Sauvy
écrit alors dans le 'Bulletin Rouge-Brique'.
Le conflit passé, De Gaulle le nomme au secrétariat
général à la famille et à la population
mais l'économiste préfère se tourner vers
la démographie et prend la direction de l'INED (Institut
national d'études démographiques), véritable
institution française. Ses études sur la population
tendent à prouver que l'augmentation de celle-ci est une
bonne chose si la société sait s'y préparer.
Parallèlement, il représente la France dès
1947 à la commission de la statistique des Nations-Unies
et est professeur.
En 1943, il publie Richesse et population, où il plaide
pour une politique nataliste et contre toute forme de protectionnisme
corporatif ou syndical. Nommé directeur de l'INED à
la création de cet organisme (1945), il en fait un établissement
de recherche multidisciplinaire, le dirige jusqu'en 1962, y attire
de brillants collaborateurs et reste directeur de la revue "Population"
jusqu'en 1975.
Dans un article paru dans "l’Observateur" le 14
août 1952, il fut le premier à parler de tiers monde,
en référence au tiers état de Sieyès
: « Car enfin ce Tiers Monde ignoré, exploité,
méprisé comme le Tiers-État, veut, lui aussi,
être quelque chose ». Auteur de l'expression, il la
désavoue à la fin de sa vie : « Que l'on permette
au créateur de l'expression tiers-monde, il y a déjà
près de quarante ans, de la répudier, tant elle
fait oublier la diversité croissante des cas. Englober
dans le même terme les pays d'Afrique noire et "les
quatre dragons" ne peut mener bien loin. »
Alfred Sauvy collabore activement à L'Express de Jean-Jacques
Servan-Schreiber, et conseille le gouvernement de Pierre Mendès
France (1954). Soucieux aussi d'informer le grand public, il envisage
un bulletin synthétique mensuel d'information de l'INED
(quatre pages), Population & Sociétés, qui sera
mis en place en 1968 par son successeur, Jean Bourgeois-Pichat,
et qui contribuera à redresser quelques idées reçues,
sur la dénatalité ou le vieillissement.
En économie, il est reconnu pour sa théorie du déversement.
Il réaffirme inlassablement ses thèses dans de nombreux
ouvrages. Nommé au Collège de France en 1962, Alfred
Sauvy poursuit jusqu'à un âge avancé une carrière
de journaliste au Monde et à L'Expansion, jouissant d'une
indéniable autorité personnelle, souvent déçue
par les décisions politiques, prises selon lui à
courte vue.
Grand penseur français, il écrit pour 'le Monde'
avant de s'éteindre en 1990.
Ouvrages principaux :
Histoire économique de la France entre les deux guerres
Théorie générale de la population
La machine et le chômage.