Le taux d'intérêt
Le taux d’intérêt est le pourcentage appliqué
à la somme d’argent prêtée par un agent
à un autre pour calculer le revenu que recevra le préteur.
Le versement de ce revenu s’ajoute au remboursement de la
somme prêtée.
Une somme de 10 000 euros prêtée au taux annuel
de 5 % pendant un an donnera lieu à un versement de 10
500 euros. Si le prêt porte sur plusieurs années
et est remboursé en partie chaque année, le versement
annuel des intérêts est calculé uniquement
sur le capital restant dû.
Prêter c’est prendre un risque et l’intérêt
compense ce risque. Plus le risque est grand et plus le taux d’intérêt
doit être élevé. Ainsi les taux d’intérêt
pour les prêts à long terme sont plus élevés
que pour les prêts à court terme. De même les
taux varient en fonction de la solvabilité ou des garanties
présentées par l’emprunteur : les emprunts
d’État sont plus sûrs que les emprunts de sociétés
nouvelles de petite taille.
Le taux d’intérêt concerne une somme prêtée
pour un temps donné. La valeur de la monnaie, son pouvoir
d’achat varie au fil du temps. Le taux d’intérêt
fixé dans le contrat de prêt est le taux d’intérêt
nominal mais celui qui sera effectivement appliqué est
le taux d’intérêt réel.
Monsieur Dupont dispose de 10 000 euros et souhaite augmenter
sa richesse. Si le taux d’intérêt que lui propose
sa banque pour rémunérer ses placements est 5 %,
en plaçant les 10 000 euros pour un an, Dupont percevra
un revenu de 500 euros à la fin de l’année
et il augmentera sa richesse de 500 euros, il possède désormais
10 500 euros. Mais si les prix ont en moyenne augmenté
de 5 % un bien qui valait 10 000 euros en début d’année
vaudra 10 500 à la fin de l’année. Dupont
n’est pas « réellement » plus riche,
il ne l’est qu’en apparence, qu’en termes monétaires
ou nominaux.
Pour mesurer le taux d’intérêt réel
on utilise la rêgle suivante (tant que les taux sont inférieurs
à 10 %)
Taux d’intérêt réel = Taux d’intérêt
nominal - Taux d’inflation
Source : Banque de France, Statistiques mensuelles, juillet 2006
Pourquoi faut-il verser un intérêt ?
On a vu plus haut que la justification du taux d’intérêt
c’est l’incertitude qui caractérise les opérations
qui se déroulent dans le temps. Cette argumentation n’est
pas la seule à avoir été utilisée.
Celui qui prête une somme d’argent renonce aux dépenses
qu’il pourrait financer s’il conservait cette somme
et du même coup il renonce au bien être que pourrait
lui apporter cette dépense. C’est pour compenser
cette diminution de satisfaction, qu’il réclame le
versement d’une somme d’argent en plus du remboursement
de la somme prétée.
On comprend pourquoi cette justification de l’intérêt
était généralement condamnée par les
religions monothéistes . Celui qui dispose d’une
somme inutilisée, n’a pas besoin de cet argent (sinon
il l’utiliserait), donc il ne se prive pas et il n’y
a aucune raison pour qu’il demande un dédommagement
à celui qui emprunte parce qu’il est dans le besoin.
Le prêt sans intérêt est autorisé, le
prêt avec intérêt est un péché.
Cette disposition durera jusqu’en 1830 pour l’église
catholique mais, sous l’impulsion de Calvin (au XVIe siècle)
l’autorisation fût donnée aux protestants,
et par la suite la pratique se répandit à l’ensemble
de la communauté chrétienne, cependant qu’il
fallait respecter une limite morale (ne pas pratiquer un taux
d’intérêt trop fort). L’Ancien Testament
interdisait en fait le prêt à intérêt,
mais selon le Talmud, cette règle se limitait au prêt
entre juifs et ne concernait pas le crédit consenti à
des chrétiens. L’islam condamne aussi sans réserve
le prêt à intérêt et cela quel que soit
le taux pratiqué.
Le taux d’usure.
Le taux d’usure représente le taux maximum légal
admis lors de la conclusion d’un prêt conventionnel
ou d’un contrat similaire. Le taux effectivement appliqué,
qui ne doit pas dépasser le taux usuraire, s’appelle
le taux effectif global. L’usure constitue un délit
pénal lorsque le taux d’intérêt dépasse
un certain plafond déterminé par la loi. Le caractère
excessif des intérêts stipulés au contrat
varie en fonction du type de crédit consenti.
Sources : Avis MINEFI, avril 2007, relatif à l’application
des articles L. 313-3 du Code de la consommation et L. 313-5-1
du Code monétaire et financier concernant l’usure.
Quel est le principe de formation du taux d’intérêt
?
Deux grandes théories du taux d’intérêt
s’opposent : le taux d’intérêt compense
la préférence pour le présent, le taux d’intérêt
compense la préférence pour la liquidité.
Taux d’intérêt et préférence
pour le présent : la théorie libérale du
taux d’intérêt.
Les agents ont une préférence pour le présent,
même lorsque les prix sont stables (pas d’infaltion),
parce qu’ils sont capables de dire quelle somme perçue
dans un an correspond à 1000 euros perçus immédiatement.
S’ils répondent 1050 euros leur taux de préférence
pour le présent vaut 5 %. Cela signifie qu’ils considèrent
que 1050 euros dans un an valent 1000 euros aujourd’hui.
Si leur taux de préférence pour le présent
vaut 5 % il faudra leur promettre un taux intérêt
au moins égal à 5 % pour qu’ils choisissent
d’épargner. Le taux d’intérêt
est le prix qu’il faut payer pour décider les agents
à ne pas dépenser.
Dans cette théorie le taux d’intérêt
est un déterminant du partage du revenu entre consommation
et épargne.
Taux d’intérêt et préférence
pour la liquidité : la théorie keynésienne
du taux d’intérêt.
Les agents ont une préférence pour la liquidité,
parce qu’ils considèrent que disposer d’une
réserve de monnaie permet de saisir des opportunités
de dépense et présente des avantages pratiques.
Si on veut les dissuader de conserver des disponibilités
monétaires en monnaie matérielle ou sur leur compte
courant, il faut les dédommager en leur proposant un taux
d’intérêt suffisant. Le taux d’intérêt
est le prix qu’il faut payer pour que les agents renoncent
à la liquidité.
Dans cette théorie le taux d’intérêt
est un déterminant du partage de l’épargne
entre épargne liquide et épargne placée.
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