Théories de l'entreprise
O.WILLIAMSON
Pour cet économiste, le critère déterminant
pour communiquer efficacement et prendre des décisions
stratégiques adaptées est la diversification de
la production. Lorsqu'une entreprise produit une gamme limitée
et homogène de biens et services, la forme d'organisation
adaptée est la "U- form": un groupe restreint,
voire une seule personne, prend les décisions importantes,
celles qui engagent l'avenir de l'entreprise, et contrôle
les grandes fonctions de la firme (commerciale, finances-comptabilité,
recherche-développement).
La structure étant simple, les coûts d'organisation
sont limités. La spécialisation de l'entreprise
lui permet de réaliser des économies d'échelle,
et des économies d'apprentissage. Ford était une
illustration presque caricaturale de cette "U-form",
avec son véhicule "modèle T", ou encore
Waterman avec ses stylos.
Face à cela, l'apparition de firmes aux productions diversifiées
est caractérisée par la forme multidivisionnelle,
la "M-form". L'entreprise intègre différentes
activités distinctes, plutôt que de donner naissance
à d'autres entreprises. Cela permet de réduire les
"coûts de transaction" engendrés par les
échanges sur le marché. Chacune des grandes familles
de produits est sous la responsabilité d'une division opérationnelle,
mais les grandes décisions stratégiques sont du
ressort de la direction générale, épaulée
par un "staff" d'experts. L'entreprise peut ainsi s'adapter
facilement aux évolutions de l'environnement. Certaines
divisions opérationnelles peuvent être constituées
en sociétés juridiquement indépendantes,
contrôlées par une société "holding"
qui joue la rôle de direction générale. La
"maison mère" peut alors acheter ou vendre ces
sociétés.
M. AOKI
L'économiste Japonais étudie la "structure
informationnelle", c'est-à-dire la façon dont
circule l'information et dont se prennent les décisions.
Il oppose la firme A (comme américaine) à la firme
J (comme Japonaise).
Dans la première, prédominerait une coordination
verticale : l'information remonte la hiérarchie jusqu'aux
dirigeants, qui la centralisent, contrôlent et décident.
Dans la seconde, la coordination serait surtout horizontale,
et seules les informations à finalité stratégiques
remontent (recherche-développement, gros investissements).
Les autres problèmes sont traités à la base,
sans délais.
En revanche, face à l'imprévu, la firme J est capable
de réactions rapide. Par ailleurs, l'organisation étant
plus souple, les postes de travail sont définis de façon
moins stricte, et le personnel peut "tourner" plus facilement.
Le degré d'intégration de la firme J est moindre,
d'où un recours important à la sous-traitance.Nous
sommes loin de la "M-forme" (forme multidivisionnelle)
de O.Williamson, au sein de laquelle l'entreprise intègre
différentes activités distinctes plutôt que
de donner naissance à plusieurs entreprises.
A.D.CHANDLER
Au sein de trois ouvrages majeurs ("Strategy and structure"
1962, "The visible hand" 1977 et "Scale and scope"
1990), Chandler présente, comme un historien, l'évolution
de l'entreprise industrielle, considérant la firme davantage
comme une institution que comme une simple organisation. Il montre
la réalité de la firme moderne à travers
l'étude des conditions de sa constitution et de ses transformations.
Les premiers écrits montrent l'importance des innovations
organisationnelles dans le développement du système
industriel, ainsi que la carctérisation de l'entreprise
moderne comme une institution complexe, fondée sur une
structure hiérarchique. Il distingue :
* D'une part l'organisation fonctionnelle centralisée
ou "forme U": l'organisation est construite autour d'une
séparation verticale entre les unités opérationnelles
et la direction, entourée de départements fonctionnels.
Elle repose sur le développement de la division du travail
dans la fonction de gestion, par la création de départements
spécialisés .
* D'autre part l'organisation multidivisionnelle en centres de
profit autonomes ou "forme M", qui lui succède,
est l'aboutissement d'un long processus d'innovations organisationnelles.
L'entreprise est décentralisée en "divisions
autonomes", spécialisées par lignes de produits
ou par régions. Chaque division a sa propre direction,
sa structure fonctionnelle et fonctionne comme une "quasi-firme".
Il en résulte une plus grande flexibilité stratégique,
la mise en oeuvre d'économies d'echelle et une bonne coordination
des stades du processus de production par l'intégration
verticale. (Relations stratégie-structure).
Son dernier ouvrage de 1990 élargit le champ d'observation
à la Grande-Bretagne et à l'Allemagne, et insiste
sur l'exploitation des économies d'échelle, de variété
et de coûts de transaction. La firme est bien une institution
complexe s'imposant par son efficience dynamique, à travers
les métamorphoses de ses formes organisationnelles.
R.COASE
A l'origine de l'économie des coûts de transactions,
on trouve un article célèbre de 1937 sur la "
nature de la firme".
Coase y affirmera : "The distinguishing mark of the firm
is the supersession of the price mechanism". La question
que pose l'auteur est la suivante: "Pourquoi, dans une économie
de marché au sein de laquelle les prix sont sensés
assurer la coordination de l'activité économique,
des organisations, caractérisées par la suppression
du mécanisme de prix, émergent-elles ?".
Pour Coase, le marché et la firme sont des formes alternatives
de coordination de la production. La raison pour laquelle il est
avantageux de constituer une entreprise paraît être
l'existence d'économie de "coûts de transactions".
Ces coûts témoignent d'une imperfection du marché.
L'économie des coûts de transaction s'inscrit dans
un courant appelé "Nouvelle économie institutionnelle".
Cette école de pensée s'intéresse à
l'ensemble des règles sociales, politiques et juridiques
qui encadrent la production, l'échange et la distribution.
Ce courant de pensée privilégie l'étude
des arrangements institutionnels, mis en place par les individus
lorsque les contrats sont incomplets "ex-post".
L' objectif est de constituer une nouvelle science des organisations,
sur la trace de O.Williamson et J.Commons.
H.MINTZBERG.
L'auteur estime que toute organisation, (de l'entreprise jusqu'aux
églises), est caractérisée par la présence
des mêmes éléments, mais qui sont combinés
de façon différente selon les objectifs visés.
L'organisation est une coalition de sous-groupes, qui vont plus
ou mois loin dans leur "abandon de souveraineté",
en fonction des objectifs qu'ils estiment nécessaires d'atteindre.
En d'autres termes, alors que chez Williamson, la forme organisationnelle
est déterminée par des facteurs extérieurs,
elle résulte chez Mintzberg des groupes de participants
eux-mêmes. Il est amené à distinguer cinq
grands types d'organisations, selon l'élément dominant
au sein de l'organisation:
- La structure simple est dominée par le "noyau stratégique",
qui est l'instance qui prend les décisions d'investissement
et d'orientation productive. Le noyau se résume souvent
à une personne, qui règne alors sans partage.
- La bureacratie machinique est dominée par la technostructure,
qui choisit les solutions techniques et réalise les investissements
correspondants. Le tâches sont standardisées, l'organisation
routinière et la production de masse. L' entreprise survit
et se développe dans la mesure où elle parvient
à réduire ses coûts de production. D'où
la domination des ingénieurs et des techniciens.
- La bureaucratie professionnelle est dominée par le "coeur
opérationnel", qui réalise la production. Les
processus de décision sont largement décentralisés.
- La structure divisionnelle est dominée par la "composante
gestionnaire, donc l'ensemble de ceux qui collectent l'information.
Ce type d'entreprise ne peut fonctionner correctement que si les
tâches sont bien coordonnées.
- L'adhocratie : Le "personnel logistique" est dominant,
qui assure les tâches de communication interne et de relation
avec l'environnement. Ces entreprises, généralement
de petite taille, sont peu hiérarchisées, reposent
"plus sur l'adhésion des participants aux objectifs
communs que sur des rapports d'autorité explicites".
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