L'expression "Marché du travail", en économie,
est issue de l'analyse néo-classique, qui suppose que l'ensemble
des offres et des demandes d'emplois sont confrontées et
s'ajustent par l'intermédiaire d'un prix, représenté
ici par le salaire. Ce marché fonctionnerait comme les
autres marchés, avec ici un salaire d'équilibre
qui permet d'égaliser les offres et les demandes.
Lorsque le niveau des salaires est trop haut, survient un désajustement
entre offreurs et demandeurs. Cette école de pensée
avance que de nombreuses rigidités ne permettent pas aux
entrepreneurs d'ajuster les salaires : syndicats, conventions
collectives. Les analyses libérales plus récentes
évoquent la dualité du marché du travail
ou encore les salaires d'efficience. (Voir les auteurs, Azariadis).
Dans ce cadre de pensée, il peut donc exister un sous-emploi,
mais qui ne dure pas, car le marché a la capacité
de s'autoréguler. Le chômage résiduel est
analysé par les néo-classiques comme "volontaire",
c'est-à-dire que le niveau de rémunération
est jugé trop faible par les demandeurs d'emploi.(chômage
classique)
Mais les Keynésiens contestent l'existence d'un marché
du travail.
D'une part, la demande de travail n'est pas fixée, à
court terme, en fonction des salaires, mais du niveau de production
qui dépend de la demande globale.
D'autre part, les travailleurs ne connaissent que le salaire nominal,
mais pas le salaire réel, qui inclut l'évolution
du niveau des prix. Le salaire réel ne peut donc ne peut
donc orienter le niveau de l'emploi, puisqu'il n'est pas connu
à l'avance. Le chômage est "involontaire",
car il peut exister dans les économies de marché
des équilibres de sous-emploi durables.(chômage Keynésien).
Les marxistes avancent que le capitalisme traite le travail
comme une marchandise, et entretiennent une "armée
de réserve" de travailleurs leur permettant de maintenir
les salaires proches du niveau de subsistance. Il ne saurait y
avoir de plein-emploi durable et, de plus, le système souffre
d'une instabilité dynamique qui se traduit par des crises
économiques.
Le chômage serait donc une tendance profonde du capitalisme.
Depuis quelques années cependant, la situation de l'emploi
présente des signes d'amélioration très nets
: Après avoir atteint 12,5 % en 1996, le taux de chômage
est passé "sous la barre " des 10% en France
au premier trimestre 2000. Les 400.000 emplois créés
en 1998 s'expliquent partiellement par une reprise de la croissance
économique, variant entre 2 et 3 % par an depuis cette
date, mais également par des mesures institutionnelles.
La loi "ROBIEN" du 11 juin 1996 incitait déjà
fortement les entreprises à réduire la durée
du travail (elle a concerné 280.000 salariés en
deux ans, et crée ou préservé 20.000 emplois
environ).
Soixante ans après la semaine de quarante heures, la
France abaisse la durée légale hebdomadaire du travail
par la loi AUBRY du 13 juin 1998. Cette loi ramène la durée
légale hebdomadaire du travail de 39 à 35 heures
au 1er janvier 2000 pour les entreprises de plus de vingt salariés,
et au 1er janvier 2002 pour les autres.
L'objectif est prioritairement la création d'emplois, et
on peut déjà dresser un premier bilan de cette action.
A la fin avril 1999, soit dix mois après la loi, 4000 accords
d'entreprises avaient été conclus, concernant 1.150.000
salariés. Un tiers de ceux-ci est concerné par des
accords aidés (9000 F par salarié mi-99, puis 7000
F puis 5000 F au 1/1/2000).
En avril 99, le bilan était de 56767 emplois dont 42834
créés et 13933 maintenus.
L'augmentation de la masse salariale due aux embauches serait
en moyenne de 7.5%, ce surcoût étant financé
par une modération salariale, par des économies
de gestion et par des allègements de cotisations sociales
.
On peut remarquer que la durée du travail ne baisse pas
rapidement, mais que les difficultés de recrutement ont
augmenté, et certains pensent qu'il faut être extrêmement
prudent sur la capacité de l'économie française
à diminuer la durée du travail sans risquer des
pertes de production.
Enfin, il faudrait tenir compte des emplois non créés
dans l'économie du fait des prélèvements
nécessaires au financement des aides (8 milliards F en
1999).